The Art Collider

Le concept artistique

La diversification et la fluidification des échanges rendus possibles par la multiplication des réseaux et des systèmes de communication semblent créer une redistribution des valeurs qui, dans l’économique, serait marquée par la prédominance accentuée de la transaction sur la production. IN/OUT est un axe de recherche dédié à l’approche collaborative de la création numérique à travers la mise en œuvre d’un dispositif expérimental de création P2P (pair à pair). Cette action du CITU se positionne singulièrement au carrefour de la recherche, de la création et de la monstration.

Un concept technologique innovant * développement d’une plateforme technologique La plateforme technologique est développée selon un cahier des charges intégrant la création temps réel en P2P nécessaire à la mise en œuvre d’un dispositif permettant l’échange en streaming d’informations (vidéo, son, données…). Ce dispositif doit permettre l’interconnexion des projets artistiques et des lieux de diffusion. L’esprit même du projet suppose de privilégier une approche opensource du développement des technologies.

* fonctionnement de l’outil Chaque acteur/projet reçoit des flux du réseau qu’il est libre d’utiliser, ignorer, détourner. En échange chaque projet doit impérativement renvoyer au réseau ses propres flux qu’il compose en temps réel. Ainsi, la création se nourrit du flux, de l’échange d’un flux produit et non pas préexistant. Contrairement à la consommation P2P, la création P2P suppose que l’on offre uniquement ce que l’on a produit.

Architecture du système

Il faut distinguer l’architecture, espace d’accueil, d’échange et de facilitation des dispositifs qu’elle héberge. Le système n’est pas à considérer come un « chef d’orchestre » selon le terme employé dans la gestion des systèmes informatiques complexes, ce qui pourrait suggérer que tous les projets sont des instruments au service d’une œuvre collective et dirigée. Il s’agit à proprement parler d’une architecture dynamique : espace d’accueil laissant une grande autonomie d’action et d’usage. En fait cette architecture constitue un écosystème particulier mais pour lequel nous tentons de définir des propriétés susceptibles de favoriser l’émergence d’une forme de vie créative particulière, mais avec un degré de pertinence qui devrait permettre son développement à plus grande échelle. IN/OUT est constitué d’un ensemble de cellules/projets-de-création interconnectés. Chaque « cellule » (dans le sens organique du terme plutôt que « box ») est à la fois émettrice et réceptrice. Elle reçoit : Du son et/ou de l’image et/ou des données (et/ou du texte) Elle émet : Du son et/ou de l’image et/ou des données (et/ou du texte) Chaque cellule est définie librement par son/ses auteurs Elle constitue une création en soi et n’est pas à considérer comme un élément d’une création collective. Chaque auteur est ainsi responsable de l’ensemble des opérations effectuées. Chaque cellule doit apparaître sur site ou en ligne. Chaque production doit avoir une forme de visibilité/audibilité. Que ce soit en ligne ou dans un lieu d’exposition, l’œuvre se donne à voir et/ou à entendre. IN/OUT n’est pas un circuit fermé au public. Le monitoring (cf. plus loin) peut être la forme de visibilité du projet (dans le cas d’une approche virale par exemple). Chaque cellule est donc connectée au moins à deux autres. Une qui la nourrit. Une autre qu’elle alimente.

Architecture connective Dans la logique de la création Peer2Peer, deux modalités de connexion coexistent : Affinités Sélectives (AS) Chacun peut choisir le signal ou les signaux source (son IN qui est le OUT d’un autre). S’il n’est pas choisi à son tour, sa durée de présence dans la boucle pourrait s’en trouver affectée. Dans la logique d’un écosystème de création, on peut considérer que le fait de fournir un signal susceptible de nourrir les autres est un critère de validation.Dans ce schéma, chaque projet peut alimenter plusieurs autres projets. Reconfiguration dynamique AS C’est le choix des auteurs qui détermine la reconfiguration des connexions.

Affinités Électives (AE) L’auteur d’un projet ne choisit pas sa source et sa destination. Le système propose une source et une destination. Chaque projet est donc connecté à une seule source (qui peut être composée de plusieurs signaux) et à une seule destination. Il peut cependant, dans le cadre de la reconfiguration dynamique des connexions, décider de rester connecté au projet qui précède et/ou à celui qui suit. Ce lien reste solidaire tant que les auteurs des projets concernés ne manifestent pas le désir de rompre la connexion. Lorsque deux ou plusieurs projets restent solidaires, l’entité multicellulaire qui en résulte fonctionne comme une entité unicellulaire. Reconfiguration dynamique AE Si l’architecture connective était statique, le système serait une boucle ne permettant pas d’explorer les variantes. Chaque projet se définit dans le système par rapport à sa demande d’entrées (son-image, par exemple) et par son offre de sorties (datas…). Dans cette catégorisation bipolaire, le système peut périodiquement établir une carte des connexions dans laquelle les polarités (OUT vers IN) induisent les interconnexions. Un modèle comportemental fondé sur la distribution spatiale des entités et leur connexion, quasi magnétique, en fonction de leur proximité du moment, pourrait à la fois fournir un modèle graphique et une logique connective acceptable (cf. schémas de décembre).

Modèle social Dans son fonctionnement, l’écosystème propose un fonctionnement social qui intègre la rencontre (connexion quasi aléatoire) l’accouplement, l’échange, le dialogue, et la disparition si personne ne valide, quand le nombre de participants est limité, la connexion. La reconfiguration dynamique permet cependant de renouveler les connexions de manière à multiplier les nouvelles chances de rencontre.

La périodicité de reconfiguration La reconfiguration ne devient souhaitable qu’à partir d’un certain nombre de cellules qui habitent le système. La périodicité de reconfiguration dynamique peut dépendre du nombre de cellules. Au-delà de 20 cellules, elle peut être partielle ou totale. Au commencement, une reconfiguration quotidienne peut fluidifier le système et laisser à chacun le temps d’apprécier la qualité de la connexion résultante.

Monitoring Pour que l’architecture ne soit pas invisible et que l’on puisse avoir, en ligne et sur site, une vision claire de l’état du système, deux types de monitoring sont nécessaires : Monitoring du système Il permet d’une part d’avoir une représentation graphique de l’état des connexions, offrant un accès au projet. La représentation doit rendre intelligible la logique de reconfiguration, la nature des projets interconnectés. Éventuellement le parallèle entre répartition sémantique et répartition géographique des projets (surtout pour les installations et événement physiques). Le monitoring du système permet un accès direct aux projets, aux auteurs, aux lieux. Le visiteur du monitoring, peut soit avoir une vision « MAP » soit circuler de projet en projet suivant les connexions effectives.

Monitoring des projets Chaque projet se donne à voir en ligne soit parce qu’il s’agit d’un projet « online », soit par le monitoring des projets. Le monitoring de chaque projet contient 2 types d’informations. Le monitoring des flux et la fiche signalétique. C’est aussi un moyen d’exploration des sources disponibles dans l’idée d’une reconfiguration décisionnelle (AS). Fiches signalétiques (fichiers de description) Chaque projet est accompagné en ligne, sur le dispositif de monitoring, d’un ensemble d’informations qui le caractérise : Nature des INs et des OUTs/Nom de/des auteur(s)/Date d’entrée dans le circuit /Nombre de connexions réalisées jusqu’à ce jour /État des connexions consolidées (liens directs vers les projets liés)./Un pseudo qui permet le dialogue direct ou publique avec l’auteur (forum ou email). Forum et dialogue Le système n’est ni occulte ni autiste. L’accès au projet est aussi un accès aux auteurs et le dialogue peut s’établir, soit publique, soit privé. Les différentes formes d’échange restent à définir.

Maurice Benayoun

Chronologie

Janv 2006 : workshop avec conférence inaugurale sur le projet IN/OUT Juin 2006 : expo-labo à l’université Paris 8 d’un groupe de 6 travaux en réseau local 2007 : développement de la première version logicielle avril 2008 : workshop à Nancy 2008 : développement de la version alpha online oct 2008 : mise en ligne de la version beta 1er-10 déc 08 : évènement INOUT x.0 avec 9 œuvres réparties en 6 lieux interconnectés et une version online

THE ART COLLIDER est à l’initiative du CITU (Maurice Benayoun), en partenariat avec le San Francisco Art Institute (Lynn Hershman Leeson et Paul Klein), la Kunst Universität Linz (Laurent Mignonneau et Christa Sommerer), les programmes PUF et FACE et le projet Sebastian.2 (pôle de compétitivité Cap Digital). De nombreux artistes et institutions on depuis rejoint le réseau qui reste totalement ouvert aux participationw.

The Art Collider
P2P Network for connective creation

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