Solace : une immersion dans un espace éphémère.

Solace : une immersion dans un espace éphémère.

Dans le cadre de l’exposition Low Tech, l’installation de Nicky Assmann était présente parmi la sélection des oeuvres exposées à la Maison des Arts de Créteil du 8 au 18 mars. Cette experience sensorielle intitulée Solace nous plonge dans un espace immersif à travers des écrans en bulle de savon. On assiste alors à un spectacle de couleurs et de vibrations qui se projettent sur différents plans de l’installation.

Nicky Assmann est une jeune artiste hollandaise qui s’est formée à l’Académie Royale des Arts de la Hague dans la section sciences et art. Au cours de ses études, elle s’intéresse au rapport entre le corps, les objets et l’espace provoqué particulièrement par les différents états physiques du savon. Dès lors, elle commence à expérimenter et projeter cette matière dans des installations lumineuses. En 2010, elle présente Between Shadow and Reflection qui met en scène des bulles et de la mousse de savon qui crée des motifs graphiques et des paysages. Cette base de recherche qui repose sur la reflection, la couleur et la lumière du savon ont guidé l’artiste à concevoir l’installation Solace dans le cadre de son projet de fin d’études. L’installation recevra le StartpointPrize en 2011 qui récompense les talents émergents des écoles d’art européennes.

Solace, a soap film apparatus est une installation cinétique conçue par l’artiste comme un moment de contemplation et de détente. Deux bulles de savon s’élèvent sous la forme d’écran et s’évaporent à intervalle régulier. L’élévation progressive du film provoque un étirement de couleurs iridescentes et s’évaporent pour donner naissance à une autre palette. Ce phénomène crée un effet de miroir qui renvoit l’image du spectateur et celle d’une réalité déformée. Le corps est ainsi absorbé par l’effet iridescent et hypnotique de la bulle.

Installation en marche , photos de Christiaan van Doesburg

 

De plus, le visiteur se laisse bercer par la cadence du dispositif, régie par un mécanisme de deux tiges en aluminium qui s’imbibent dans un liquide savonneux. Le mouvement répétitif des tubes s’orchestrent de façon alternative et crée une sorte de chorégraphie. Le système est alors interrompu par l’extinction soudaine des projecteurs qui plongent la pièce dans l’obscurité. Par conséquent, les écrans deviennent transparents et les films de savon se retrouvent projetés sur les murs de la pièce. On assiste donc à un spectacle de couleurs qui vibrent du sol au plafond. Cette projection donne corps à l’espace durant une courte durée avant de revenir au dispositif initial.

En outre, Le corps du spectateur est confronté aux écrans de savons sur deux plans distincts. D’une part, le visiteur se trouve face à la bulle lorsque la pièce est lumineuse et de l’autre au centre de celle-ci lorque l’espace tombe dans l’obscurité. Ce changement de luminosité modifie l’état du savon, immerge le spectateur dans la bulle et crée l’interaction. Le savon est donc à la fois un film physique, un tableau dans lequel on perçoit des paysages colorés, un miroir mais aussi un écran de projection. Cette transposition d’écran apporte une dimension spectaculaire et expérimentale à l’installation.

Les questions qui se posent sont alors les suivantes : « Manque-t-il un sens à tout ces mécanismes ? S’agit-il simplement d’une expérience sur la lumière et la réflection du savon ?

En 2004, l’installation « Tension superficielle » d’Elise Mougin, exposée dans les locaux de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs nous montre la projection d’un oeil fermé sur un film de savon qui éclate. Dans ce cas, l’artiste utilise le caractère éphémère de la bulle pour servir un propos personnel. À l’inverse, Nicky Assmann expérimente les caractéristiques chimiques de la matière pour créer une interaction dans l’espace. Le spectateur est ainsi confronté physiquement à l’oeuvre et se laisse transporté sur différents plans de la pièce. Par conséquent, cette expérience s’impose au spectateur comme une brèche temporelle. Elle altère notre vision de la réalité et modifie l’aspect de l’espace environnant.

C’est pourquoi, le principe interactif de l’oeuvre repose sur les réactions physiques de la matière mais aussi sur la notion d’instantané. Le mécanisme des tubes crée de façon aléatoire des couleurs, un type de projection qui varie selon les conditions physiques de la pièce et du nombre de visiteurs à un certain moment. C’est donc la confrontation entre le spectateur et le film de savon, à un instant donné, que l’oeuvre devient une expérience unique et personnelle. Chaque visiteur influe sur l’installation et génère de nouvelles images sur les écrans de savon .

Enfin, Nicky assmann s’inscrit parfaitement dans la thématique générale de l’exposition dite « low tech ». Un mouvement artistique qui revendique le retour à l’usage de techniques simples pour créer de l’interactivité. C’est ainsi que Solace est une oeuvre qui appartient à cette mouvance actuelle et reussi à nous projeter dans un espace vibrant et éphémère.

Camille Rayssac.

Lien vers la vidéo de l’installation « Solace a soap film apparatus »

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