Le Corps Global et métabolisme géopolitique Il me semble qu’il faudrait questionner chaque terme pour dépasser les automatismes rhétoriques dans l’espoir d’induire des fragments de réponse. On s’en souvient, McLuhan, visionnaire caricaturiste, voyait venir le village global. Aujourd’hui force est de constater que la prolifération rhizomique des réseaux de communication tisse une toile qui fait de chaque individu la terminaison sensible d’un système qui innerve ce qu’on pourrait appeler le corps global. Fortement connecté et appareillé, chacun et chaque groupe se retrouve à la fois capteur (récepteur) et transmetteur d’une information et d’un ressenti local. Les émotions, les plaisirs et les douleurs de la planète deviennent perceptibles pour l’ensemble du corps qui nourrit, en temps réel, sa perception globale de ces sensations singulières. Géo-métabolisme et éthologie politique sont probablement des sujets d’étude à envisager.
Il se pourrait qu’il en aille de même pour l’humanité pensée comme un corps global qui ne peut plus se permettre d’ignorer les parties les plus éloignées des centres de décisions, et dont les maux pourraient contaminer l’ensemble faute d’un diagnostic rapide. Selon les régions du monde, les réseaux accélèrent le différentiel de transmission de l’information, et ce déséquilibre pousse à prendre des décisions fondées sur des données partielles et partiales. Décisions qui loin de favoriser une partie du corps élue, la maintient dans l’illusion d’une bonne santé qui masque la septicémie dont les spasmes pourraient annoncer une crise bien plus grande. Abusons de la métaphore: la lymphe économique, artificiellement entretenue ne ferait qu’accélérer ce processus de propagation. Renvoyant dos à dos technophilie infantile et catastrophisme pré-apocalyptique, il me semble qu’il faut lire le fait technologique comme une forme de croissance à risque et en déduire les priorités qui à tous les niveau de la chaîne perception/analyse/décision, permettent la survie, et bien plus encore. Il conviendrait d’identifier rapidement les zones d’ombre qui sont autant de foyers potentiels d’infection… ou de sources de plaisirs insoupçonnés. Maurice Benayoun décembre 2009 |