Crossing Talks
Communication

L'espace de la communication à l'ère des réseaux perturbe notre sens de la proximité. Les relations qui se tissent entre les individus relèvent de la nécessité de l'échange comme mode de survie. La distance favorise l'ouverture alors que le dialogue avec les proches est contraint par les conventions. Néanmoins les situations extrêmes redonnent un sens à la communication directe avec l'inconnu qui partage notre espace vital. 
L'interlocuteur distant redevient le spectateur d'événements dont il ne perçoit qu'une transcription amoindrie. Quand notre survie est en jeu, la communication non médiatisée redevient une nécessité.

Crossing Talks nous plonge dans un espace de non-communication. Chaque pièce de cet espace infini est constitué de mur/images d'individus parlant à d'autres individus, absents, comme à eux-mêmes. Un mur seulement supporte un interlocuteur direct, dans un espace distant ou par Internet. Comme à la surface d'un radeau de survie, la répartition des visiteurs sur le sol détermine l'équilibre du groupe. Lorsque cet équilibre est rompu, la pente du sol nous contraint à glisser d'une pièce à l'autre. Pour stabiliser le monde, il faut parvenir à un accord entre les visiteurs, dialoguer avec ceux qui partagent notre espace physique. Seulement à ce moment la communication distante est possible on peu parler et ce voir au travers des murs. 

Expérimenter à nouveau les limites d'équilibre du monde c'est s'exposer à des événements qui traduisent le péril. Une réaction rapide du groupe s'impose. Crossing Talks confronte ainsi notre rapport aux autres, proches ou lointains dans un espace saturé du simulacre de la communication.

Maurice Benayoun
(Paris Septembre 1999)