Projet de carrière d’artiste
Player : we-make-money-not-art.com, Manuel Braun
Il est symptomatique de voir comment certains objets prennent une place symbolique renouvelée dans le champ de la création interactive. Le ventilateur constitue un de ces objets qui font maintenant partie de la panoplie de l’artiste « émergent ». Et ceci n’est probablement pas sans raison. On n’en finit plus de dire que notre interaction avec le monde est multi-sensorielle, kinésthésique, que l’art devrait s’exercer sur des sens jusqu’alors trop ignorés de la rhétorique plastique.
Contrairement au générateur de parfum et aux sources de chaleur, le ventilateur est très réactif. Il touche l’ensemble du corps. Il représente définitivement l’immatériel réifié. C’est clairement, de l’ensemble des media, le seul qui décoiffe vraiment.
Il est intéressant de constater qu’une des Å“uvres emblématiques des débuts artistiques de l’interactivité soit « La Plume » d’Edmond Couchot et Michel Bret et Marie-Hélène Tramus. Là , c’est le public qui souffle et l’image qui bouge. C’est un juste retour des choses que dans une pièce comme Blow Up de Scott Snibbe (2005), le public soit enfin physiquement touché par l’œuvre, avant que le phénomène ne s’étende, multipliant transitions et passerelles entre espace physique et espace physique (après espace physique et représentation). Vers une esthétique du vent ?
En architecture, les murs ont été progressivement remplacés par le verre, par l’image, et bientôt par le vent (déjà les murs d’air des salles d’opération des hôpitaux modernes…).
Bref j’imagine avec intérêt que nous voyions venir des artistes qui décident une fois pour toute que leur œuvre ne sentira pas la térébenthine, ne produira pas d’image, et ne cherchera pas à juxtaposer parapluies et machines à coudre mais produira du vent, savamment maîtrisé ou habilement libéré, sans que cet oeuvre soit le moins du monde considéré comme inconsistant.
NoCArtiste No Comment Artist
Lundi 6 novembre 2006Projet de carrière d’artiste
Au delà du Ready-Made Artist qui en a fini de traverser le XXème siècle, le No Comment Artist pourrait être celui qui présente les faits, assumant la désignation, non comme gesticulation dénonciatrice (montrer du doigt) mais comme geste ultime, désespéré, pour ne pas dire ce qui est criant.
Le NoCArtiste se satisfait d’extraire du monde ce qui mérite d’être rendu visible, sans adjuvant, sans excipient esthétique, et sans garantie que la médecine fasse son effet.
En cela, le No Comment Artist se rapproche du Placebo Artist, qui de l’hacktiviste au militant de la sociologie esthétique traite naturellement les maux qui disparaissent d’eux-mêmes et n’a que peu d’effet sur les maux durables.
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