Générique ... Extraits Réalité Virtuelle ...
Lorsque nous avons découvert cette planète. Elle était déjà abandonnée. Nous avons d'abord cru à une planète morte. Pourtant, au coeur de cette gangue de matière desséchée on trouve ces cavités d'image. C'est probablement un phénomène unique sur la galaxie ! Des agglomérats d'image pure. Grâce à ces images, nous pouvons maintenant tout comprendre de cette civilisation désormais éteinte.  
L'homme a commencé par creer des images sur les parois de sa demeure. Il projetait ses désirs, ses faims, ses fantasmes à la surface des murs de sa caverne. Ce que nous voyons maintenant, ce n'est plus que l'image de ces images que l'homme des derniers temps s'est évertué à reproduire.
Plus l'architecture se structurait, plus l'image devenait écriture et il s'en servait probablement pour communiquer avec l'au-delà. Plus tard, il devait reconstituer ces premiers témoignages pour s'en approprier définitivement l'augure.  
  L'architecture elle même devenait spectacle. Il créait des environnements gigantesques sur les parois desquels l'image racontait à l'homme l'histoire supposée de son origine. Il s'immergeait collectivement dans le spectacle de la loi du monde. Les sensations étaient fortes, à la mesure de l'idole.
Mais les images étaient planes et éphémères. Il ressentait probablement le besoin d'être lui-même présent dans ses fictions de vie qui rampaient à la surface des murs.
  Il créa des images dans lesquelles il pourrait évoluer. Par figure interposée il circulerait librement dans des architectures reconstituées. L'image survivrait à la matière. Parcourant cet espace il voyagerait dans le temps.
Il lui faudrait des passerelles, des sas, pour passer du réel omniprésent au virtuel si prometteur. Les fétiches étaient nombreux et maladroits, mais l'illusion était très grande.  
Il produirait sans cesse des images nouvelles.10, 20 30 soixante à la seconde. Le secret de l'immersion, c'était le « temps réel » l'image devait se créer à l'instant même où elle était regardée. Seules des machines puissantes pouvaient générer autant d'images en si peu de temps. Le monde qu'il survolait ainsi n'était probablement pas le sien mais son image peut être idéalisée.
On s'interroge encore sur la motivation de l'homme dans cette insistance à reproduire son univers pour le parcourir inlassablement.  
  Cherchait-il à satisfaire un vieux rêve ? Etait-il dans l'incapacité physique de voler et était-ce là pour lui le seul moyen de partager ces sensations avec d'autres créatures ?
Pourtant son univers ressemblait étrangement au notre. Jusqu'à son habitat qui semble bien de chez nous ! Des machines réelles aux machines à produire des images, il cherchait à quitter le sol.  
  Dans ces univers de fiction, il circulait librement. Chacun avait son propre parcours. Ce que nous découvrons, ce sont des images mortes. Nous sommes contraints de parcourir inlassablement le même chemin, incapables de quitter notre trajectoire. Ces images autrefois produites en temps réel se répètent maintenant à nos yeux dans un rituel précalculé.
Pour recréer ces univers, il fallait en reconstruire la géométrie et par l'étude de la vision en déduire les lois de la perspective. Avait-il un oeil ou un écran sphérique seul l'expérience nous apporterait une réponse certaine.  
  Dans la reproduction complaisante de son univers quotidien il faut peut être voir un hommage rendu à son créateur.
Ces images calculées lui permettaient de se projeter là où il était physiquement impossible d'aller, comme dans ces jouets d'enfants par exemple, où dans ce que nous interprétons actuellement comme l'intérieur de son propre corps. Plusieurs de ses organes lui devenaient ainsi accessibles tel des espaces à vivre ou à explorer.  
  Reproduire le monde était devenu facile. Il fallait recréer la vie. Et tout d'abord telle qu'elle apparaissait autour de lui.
La machine pouvait reproduire le comportement de groupe des êtres vivants, elle simulait leur présence grouillante.  
  Pourquoi tant de travail sinon pour se prouver qu'il pouvait refaire le monde qu'on l'obligeait d'accepter ?
Quitte parfois à l'inventer différent, plus proche d'un imaginaire simple à comprendre là où la vie est étalait sa complexité. Allant parfois jusqu'à reproduire ses animaux familiers. Peut être pour substituer l'image virtuelle à l'absence d'un être aimé ?  
  Il voulait probablement pouvoir en faire le tour, même en image, jouir de sa présence visuelle totale, définitivement disponible.
Reproduire les êtres existants ne pouvait pas suffir. Pour être Dieu à la place de Dieu, il fallait créer la vie.  
  Les êtres recréés devaient déjà être capables de réagir comme les êtres de chair aux phénomènes naturels et à la présence humaine. L'homme modélisa leur comportement pour qu'ils réagissent à la lumière qu'il déplaçait. L'image répondait à l'homme.
Plus encore; il fallait que chacun puisse créer la vie permettant à sa créature de se reproduire selon des lois édictées par l'homme suivant les modèles de la nature.  
  Certaines formes ainsi créées devenaient porteuses de leurs désirs, prètes à s'adapter constamment pour mieux les satisfaire.
Reproduire le monde existant ne lui suffisait pas. Il fallait en produire de nouveaux plus proches de l'imaginaire, emplis de formes que l'homme seul aurait su créer.  
  Dire le monde, c'est se l'approprier. Il se promenait parfois dans ses discours. Le corps y trouvait son compte.
Il restait à consacrer le mot, faire de son image l'oeuvre à lire mais aussi faire de l'image, la matière même de ses égarements.  
  D'autre fois c'est le geste qui traçait des formes dans l'espace qui resteraient à déchiffrer telles les dernières empreintes d'êtres disparus à la forme incertaine.
Mais les enjeux de ces représentations étaient souvent moins métaphysiques...  
  Les univers virtuels étaient créés pour divertir. On y rencontrait des êtres prêts au dialogue mais plus souvent encore, prêt à la compétition.
L'homme créait un monde où s'affronter en toute sécurité.  
  Il jouait à la vie. Il jouait à la guerre. La machine conférait une puissance démesurée. Il était trop tard pour revenir sur ses pas. La fiction gagnait à recouvrir le monde.
Ce sont là les dernières images qui nous restent de ce que furent les hommes.  
 
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