PALEOFUTUR : LA FRESQUE DESSINEE DE FRANÇOIS OLISLAEGER

PALEOFUTUR : LA FRESQUE DESSINEE DE FRANÇOIS OLISLAEGER

Présent, passé, futur. L’œuvre de François Olislaeger s’intéresse à la notion de temporalité amenant les spectateurs à jouer le rôle d’un explorateur. Ce qu’ils découvrent ne sont pas les vestiges d’une civilisation antérieure mais les représentations de la nôtre dans cinquante ans. Présentée à la Gaîté Lyrique du 1er février au 25 mars 2012 lors de l’exposition 2062, aller-retour vers le futur, la fresque intitulée Comment se sera en 2062? propose une expérience ou la notion du temps se lie à l’imaginaire des spectateurs.

François Olislaeger est né à Liège en 1978. Diplômé de l’école de dessin Emile Cohl de Lyon, il a travaillé pendant de nombreuses années dans le secteur de la presse (Le Monde, Libération, Les Inrockuptibles…) En 2005, il s’associe avec la scénariste Pauline Fondevila pour la création d’une bande dessinée, Little P in Echoes Land. L’année d’après, il publie Un autre monde est possible avec Pierre Cattan, reportant leurs expériences lors du sommet altermondialiste de Caracas.

L’œuvre de François Olislaeger  plonge les spectateurs dans le noir. Ces derniers, à l’aide d’une lampe torche, sont amenés à découvrir les détails de la fresque comme s’il s’agissait d’une peinture rupestre. Intime, la visite met en avant les témoignages des contributeurs sur leurs représentations du futur. Ces témoignages ont été recueillis sur le site de la Gaîté Lyrique en amont de l’exposition. Différents montages sonores déclenchés de manière aléatoire viennent agrémenter l’expérience. Ils permettent la liaison entre le futur imaginé et sa matérialisation picturale. Les spectateurs peuvent évoluer de façon libre dans cet espace. Les dessins qu’ils découvrent sont en noir et blanc, simples et précis rappelant l’univers de la Bande Dessinée. Descriptifs pour certains, plus évasifs pour d’autres, ils interagissent directement avec notre capacité à nous projeter dans le temps.

Le caractère innovant de l’œuvre ne réside pas dans son installation mais dans le décalage entre une scénographie qui invite le spectateur à jouer l’archéologue et les détails futuristes de la fresque. La notion de temporalité se retrouve donc au centre de la visite. De plus, le visiteur découvre différentes représentations du futur : rétroprojection des rêves, films sur des lentilles de contact, centres cryogéniques pour la préservation de l’espèce humaine, transformation de nos métabolismes, voyages intergalactiques etc. Le paradoxe de la situation crée une sorte d’anachronisme ce qui soulève la notion d’OOPArt (Out Of Place Artifact). Elle désigne un objet archéologique dont la présence sur le site de découverte suscite une énigme car il est hors contexte. L’expérience invite le spectateur ainsi à s’imaginer une multitude de scénarios. La puissance de cette œuvre réside donc en sa capacité à faire fonctionner notre imaginaire et à nous projeter dans le temps.

Chacun est touché d’une manière personnelle. On se laisse surprendre par les dessins et les témoignages au fil de la visite. On dirige notre sens de lecture à l’aide des lampes torches. Le visiteur est amené à jouer le rôle d’un véritable chercheur, il doit faire ses propres découvertes, il doit être son propre guide.

Cependant, l’espace aurait pu être envisagé différemment et les capacités de la Gaîté Lyrique auraient pu être mieux exploitées. En effet, l’œuvre est très statique, elle n’évolue pas alors qu’elle parle du futur. Les visiteurs auraient pu participer directement à l’œuvre via un dispositif qui leur aurait permis de dessiner leurs propres représentations du futur. Les dessins seraient venus agrémentés continuellement l’installation donnant une dimension évolutive à l’ensemble. De plus, en laissant un accès sans limite de temps, l’œuvre aurait pu servir d’un véritable centre d’archivage et de mémoire collective pour une vision globale du futur. Ainsi, la notion de temporalité aurait été renforcée.

Il aurait été également intéressant de ne pas se limiter uniquement à un côté de la pièce. On aurait pu imaginer une vision à 360° avec des projections sur le plafond, le sol et les trois autres faces. Enfin, l’expérience aurait pu être plus immersive encore avec un travail plus approfondi de l’ambiance sonore.

La fresque de François Olislaeger est un voyage spatio-temporel. Amenant chaque visiteur à se confronter au monde de demain, elle rappelle aussi que les premières formes d’animations appartenaient à l’art rupestre lorsque les flammes des torches venaient faire « danser » les dessins. L’artiste a choisit une représentation plus ou moins statique du futur mais puisque chaque seconde qui passe nous rapproche du futur, ne pourrions-nous pas envisager une fresque qui soit évolutive elle aussi ?

-M-

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