STATIC de Wim Janssen créée en 2010 est une œuvre plastique sculpturale qui se joue des transparences et de la matière grâce à des filtres polarisants entrecroisés. Les visiteurs se faufilent entre un écran rectangulaire qui semble transparent et le petit disque qui lui fait face. Seule la vision est mise à l’épreuve car ni le souffle du disque ni sa rotation ne provoque l’ouïe ou le toucher. Œuvre épurée qui demande à être approchée, à être regardée sans trop s’attarder dans le cadre de l’exposition Low Tech à la MAC de Créteil du 8 au 18 mars 2012.
Static est tout d’abord un grand panneau en suspension au milieu de l’espace d’exposition. Le visiteur, suivant le parcours de visite, passe involontairement à l’arrière de l’œuvre. Il doit en faire le tour pour s’approcher d’un disque fixé sur son socle. A première vue, le visiteur ne s’aperçoit pas tout de suite que cette petite roue est en train de tourner.
L’apparition des visiteurs venant par l’arrière de l’installation est étrange à la fois pour celui qui entre dans l’espace et pour celui qui est en train de regarder. Le passage du visiteur crée un trouble, une intrusion dans le champ du regard. Cela ne semble pas faire partie de l’installation et au contraire, on pourrait même penser que cette intrusion du visiteur perturbe la lisibilité. Etait-elle dans l’intention de l’auteur ou dans celle du commissaire de l’exposition ?
Devant le disque en rotation le visiteur s’attarde. Il découvre que le regard passant au travers du disque crée des opacités changeantes sur le panneau rectangulaire en suspension. Il joue avec cet effet inattendu.
En se rapprochant du panneau rectangulaire de 189 x 241 cm le visiteur découvre sur la surface de petits rectangles de 1cm2 qui se croisent, permettant à cette multitude de filtres
polarisés de créer des jeux delumièresirisées ne laissant passer la lumière quedans une direction précise. L’effet de transparence est ainsi déjoué selon que l’on regarde ce panneau plus ou moins près, de face ou sur le biais.
Le disque en rotation est fait du même matériau que le panneau rectangulaire : un filtre polarisant. Le visiteur est entrainé à regarder au travers, ce qui permet un jeu de transparence entre ces deux supports qui se superposent donnant l’impression que l’un révèle l’autre comme le développement d’une photographie qui ne ferait pas apparaitre la totalité de l’image. Seul le degré d’opacité se joue du regard qui perçoit alternativement un support lisse et un support bruité comme l’écran de télévision affichant la neige électronique qui suit la fin des programmes. Un effet électronique résolument sans électronique, définitivement « Low Tech » !
Cette installation cinétique que n’auraient pas reniée les Op Artistes de la première heure, forme en fait une œuvre sculpturale minimaliste esthétisant les matériaux aux propriétés sensibles qu’elle révèle.
Le travail de Wim Janssen tourne autour des supports liés à l’audiovisuel tout en les déjouant, comme le confirme « Continuization Loop » présentée dans cette même exposition. Mur de pellicule en mouvement formé par une série de bobine de film de 35 mm éclairée par derrière, les vignettes en noir ou transparent crée un effet visuel brouillé d’où l’image est absente.