Pleix, collectif français, présentait à la Gaîté Lyrique neuf œuvres, pour montrer un avenir possible de notre monde. Hybrid est tournée vers la cause animale, tandis que les autres « décrivent la solitude de l’être humain et rallient la surconsommation » comme le décrit le collectif [1].
Hot Spot et Paradise, des questions sur l’avenir de la planète
Ces œuvres ont pour but de dénoncer la façon dont l’homme vit et prend du plaisir, sans se poser de questions sur l’avenir de sa planète. L’écologie est un thème de plus en plus médiatisé, également présent lors de campagne présidentielle. Hot Spot et Paradise, deux installations, lient aspect démographique et bonheur des hommes. La première est une vidéo, où défilent en continue des voitures roulant sur un col. On est scotché dessus à l’instar des publicités télévisées. On n’apprend rien dessus que l’on ne connaît déjà mais on s’en souvient. Les artistes nous montrent le trafic futur de la route des vacances et, une fois arrivé à destination, Paradise donne peu envie d’aller faire du pédalo dans les Gorges du Verdon du fait de la surpopulation. La nature est envahie par l’homme qui laisse peu de place à la sérénité et au calme.
Les artistes veulent-ils amener les visiteurs à se questionner sur la présence des hommes dans le monde futur ? Souhaitent-ils montrer l’impact de l’homme dans l’environnement et quels en seraient ces effets ? Pleix n’est pas un collectif engagé écologiquement ou qui se réclame de tout autre parti, il pointe du doigt le monde actuel tel qu’il est en train devenir, si rien ne se fait pour empêcher un futur désastre. On remarque que l’aspect démographique pose un sérieux problème, mais que les hommes ne s’en rendent pas compte. Ainsi, les artistes ont opté pour l’aspect idyllique, voire absurde, des scènes par le biais du soleil, de la quiétude des personnes comme si ce tableau était habituel. L’homme réagit lentement face à son avenir [2]. Ou devient-il docile ?
Hybrid, l’œuvre interactive
L’interactivité dans ce projet se trouve uniquement dans l’œuvre Hybrid. Celle-ci met en scène des animaux paisibles et calmes, qui se mettent à délirer dès qu’une personne physique s’approche de l’écran. D’après le collectif, l’interactivité permet d’ajouter le ludique tout en apportant de la légèreté dans ce monde brutal.
Pourquoi ce nom ? Pour Pleix, Hybrid signifie une sorte de révolte des animaux, car il leur semble que même si les humains respectent les animaux en les soignant, les cajolant, ils se servent d’eux pour leur plaisir et les exploiter par la suite (traitement de santé, nourriture…) [3]. Est-ce là une dénonciation de la cause animale ? Pleix ne veut pas se positionner dans la protection des animaux, mais désire «signifier un fait sur notre planète l’animal est, en général, mal traité ! » L’animal subit la présence de l’homme depuis des siècles, certaines espèces ont disparu à cause de sa chasse intensive. Le tigre de Tasmanie en est un exemple.
L’animal semble incapable de se défendre face à son pire ennemi : l’homme. « On perçoit très logiquement une certaine injustice en constatant cette situation dramatique » [4]. L’œuvre est présentée selon l’idée suivante, si les animaux décidaient de se rebeller et de prendre leur revanche, qu’arriverait-il alors? Cet aspect a déjà été abordé en littérature, notamment par Georges Orwell dans La Ferme des Animaux. Ces derniers se révoltent contre leur fermier M. Jones, le chassent et prennent le pouvoir de la ferme. Les cochons s’auto-proclament « chefs » de la ferme et utilisent leur intelligence supérieure pour manipuler les craintes des autres animaux et modifier le passé à leur avantage. Grâce à la métaphore des animaux, cet apologue publié en 1945 dénonçait en réalité le stalinisme. Même si les animaux ont effrayé l’homme car il les maltraitait, ceux-ci n’en ont pas moins répété le même schéma, en infériorisant les animaux les plus faibles mentalement. On peut également citer comme exemple La Planète des singes de Pierre Boule, roman de science-fiction écrit en 1963, au sein duquel l’homme est réduit en une race inférieure. L’évolution naturelle ne place pas l’homme en tête des espèces vivantes, le singe est devenu l’espèce prédominante [5]. Les singes se comportent avec les humains comme actuellement les humains se comportent avec eux et les animaux en général.
Pleix a voulu imaginer une autre forme de rébellion des animaux. Un jour, les animaux affaiblis, exploités, meurtris, pourraient prendre leur revanche face à l’homme. Cela pourrait passer par un côté sournois, en attirant l’homme avec douceur, platitude, innocence, puis, une fois l’homme en confiance, les animaux pourraient l’effrayer, se muant en combattants. Ils montreraient leurs dents, cornes, masques, armes [6], tout en générant des sons humains, afin de montrer leur humanité. Ainsi, l’homme se rendrait compte « que la peur a changé de camp, ils n’ont qu’à froncer les sourcils pour nous faire obéir » [7].
Le travail de Pleix ne se concentre pas seulement sur le côté prise de conscience de l’homme au sujet de son empreinte sur la terre (démographie, animaux). En effet, des oeuvres et des vidéos à caractère commercial, telles de célèbres marques de voiture, sont visibles sur leur site Internet http://pleix.net/.
© Crédit photos Pleix
[1] Texte du livret de l’exposition 2062 à la Gaîté Lyrique
[2] Echanges d’emails avec les artistes du collectif Pleix (avril 2012)
[3] Echanges d’emails avec les artistes du collectif Pleix (avril 2012)
[4] Echanges d’emails avec les artistes du collectif Pleix (avril 2012)
[5] Philippe Clermont, Darwinisme et littérature de science-fiction, Editions L’Harmattan, 2011, page 239
[6] Echanges d’emails avec les artistes du collectif Pleix (avril 2012)
[7] Echanges d’emails avec les artistes du collectif Pleix (avril 2012)