Christiaan Zwanikken, « The Good, The Bad and The Ugly » : une œuvre bio-technologique

Christiaan Zwanikken, « The Good, The Bad and The Ugly » : une œuvre bio-technologique

Artiste néerlandais né en 1967, Christiaan Zwanikken réalise des installations qui animent des crânes, des squelettes ou des animaux naturalisés, à l’aide d’un mécanisme commandé par ordinateur. Avec The Good, The Bad and The Ugly, il offre une vision « paranoïaque » du monde contemporain à travers un zoo futuriste miniature, composé de trois êtres hybrides, mi-animaux mi-machines, fusion de matériaux organiques avec la technologie interactive.

Présenté dans le cadre du Festival EXIT 2011, The Good, The Bad and The Ugly (Le Bon, la Brute et le Truand) met en scène des êtres sombres, instables, à la fois drôles et effrayants, qui associent des parties de corps d’animaux naturalisés (tête d’oiseaux, ailes) avec des éléments mécaniques. Les appareils ne fonctionnent pas, ils « se comportent eux-mêmes », imprévisibles car assistés par ordinateur, pour les rendre « plus naturels, curieusement familiers », précise l’artiste.
Cette fusion donne à ces êtres étranges une deuxième vie. On pense au film de Tim Burton, Édouard aux mains d’argent, ou encore à Frankenstein. Les trois oiseaux robotisés s’animent, bougent et semblent communiquer entre eux : la science fiction entre dans la réalité.
Christiaan Zwanikken propose une installation qui assimile nature et artificiel, à travers laquelle l’homme réinvente le vivant et fait revivre ce qui n’était plus.

La nature contre l’artificiel

Tel un marionnettiste, proche du théâtre d’ombres, Zwanikken met en scène des êtres hybrides qui mêlent l’organique et l’inorganique, qui n’existent que grâce à la science, qui s’animent et conversent, à mi-chemin du comportement humain et animal.
Le jeu des lumières, qui projettent au mur l’ombre effrayante de ces êtres mystérieux, offre un contraste de clair obscur qui rappelle le travail du maître du suspense, Hitchcock. Ce contraste accentue l’univers théâtral et amplifie l’aspect inquiétant de l’installation.

L’œuvre emprunte son titre au film Sergio Leone, Le Bon, la Brute et le Truand (1968), qui met en scène trois chasseurs de prime avides de trouver un trésor volé et caché dans un cimetière par l’armée sudiste. Elle évoque la scène finale, lorsque les trois brigands se font face. La référence au film accentue le caractère grotesque de ces charognards mécaniques qui semblent se faire face pour un ultime combat contre la mort, mort vaincue une première fois grâce ou à cause de la science et des hommes.
Ainsi ces êtres hors de contrôle, qui revivent grâce à la technologie, sont sur le point de se détruire mutuellement. La boucle est bouclée : les oiseaux meurent, l’homme les raniment grâce la technologie, et ces créatures hybrides vont s’autodétruire. Quelle ironie !
L’apparence de ces êtres, maigres, décharnés, est d’ailleurs plus proche du mort-vivant que du vivant.

Christiaan Zwanikken offre une vision ironique et morbide de la technologie. Il propose une critique sur l’illusion du contrôle par l’homme de ce qu’il crée.
Enigmatique, inquiétante, dérangeante, grotesque… l’œuvre ne laisse pas indifférent. Certains ne retiendront de ces sculptures animées que leur aspect étrange et étonnant, à la manière d’un cabinet de curiosités. D’autres iront chercher une réflexion sur la vie, sur Dieu et sur l’homme qui joue à l’apprenti sorcier. L’inexplicable laisse place à l’imagination.

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