Concentricity est une série de trois sculptures lumineuses interactives de l’artiste américain Joshua Kirsch. Le principe est le même pour chacune d’entre elles : l’utilisateur est invité à manipuler la poignée blanche illuminée dans différentes directions. Un jeu de lumière s’instaure alors grâce à un système d’aimants et de LEDs. L’artiste exposera ses œuvres pour la première fois en Europe au printemps prochain, à Amsterdam. C’est l’occasion de découvrir sa dernière œuvre.
Concentricity 96 est la dernière œuvre de Joshua Kirsch, réalisée dans le cadre de la compétition ArtPrize (aux Etats-Unis). Cette œuvre d’art lumineuse est fixée au mur et en son cœur se trouve la poignée blanche pouvant être maniée dans différentes directions. Par cette manipulation, de nombreux interrupteurs actionnant de la lumière sont activés et désactivés. L’utilisateur fait varier de façon symétrique la lumière en fonction de la poignée. Le 96 signifie que l’œuvre lumineuse possède 96 LEDs, disposées en cercle.
Deux versions
L’artiste a réalisé deux versions de Concentricity 96 : l’une en 2008 et l’autre en 2011, qui montre l’évolution de son œuvre. Mais où se situe donc cette évolution? Celle de 2011, comme le montre les photos, est en 3D, elle contient plus de couleurs, plus de design. L’artiste la considère comme une version améliorée car plus aboutie, et en adéquation avec son idée originale, une sculpture à la fois futuriste est design1. Celle de 2008 était à mi-chemin de sa réflexion et devait être prête pour une exposition. L’artiste a donc dû trouver rapidement une solution, mais ce n’était pas la version finale, celle qu’il souhaitait2.
Concentricity 96 – version 2008 semble plus dure à manoeuvrer. Pour que la lumière s’active, il ne suffit pas d’appuyer sur un interrupteur comme, on peut en avoir l’habitude. Cependant, l’expérience est plus intense car le visiteur a l’impression de s’immerger dans la sculpture pour actionner la lumière.
Avec cette œuvre, le visiteur s’empare du mécanisme de la lumière et peut la contrôler à son envie. Par son geste, l’utilisateur influe sur la couleur de la lumière, qui est déterminée par la position de la poignée centrale. Myriame Boutoulle, journaliste, explique qu’« avec l’électricité la lumière est un moyen de plus en plus facilement contrôlable »3. Pour l’artiste4, elle ne représente pas de signification symbolique dans son travail, même s’il joue sur ses effets produits avec l’ombre.
La symétrie tient une place importante pour l’artiste5, cela se reflète dans son travail. Il en joue dans son travail. Les deux versions sont rondes et sont divisées en trois pièces. La lumière s’anime de façon symétrique correspondant au mouvement de cet objet, avec les lumières situées en cercle. Lorsque la sculpture est en veille, des LEDs sont allumées et d’autres non, formant des blocs de couleurs blanches pour la version 2011, rouge pour la version 2008.
Hormis le choix esthétique des LEDs, l’artiste n’a pas évoqué la raison de l’utilisation de celles-ci. Peut-être est-ce un lien avec l’écologie ? Choix pratique ? Contrairement à des lampes à incandescence traditionnelles, les LEDs n’émettent pratiquement aucun rayonnement thermique et elles durent plus longtemps. Elles diffusent une lumière plus régulière et plus homogène qu’une ampoule classique. En cela, le visiteur peut s’approprier l’œuvre sans ressentir les contraintes de chaleur et lumière irrégulière que pourraient apporter des ampoules.
Autres artistes
Joshua Kirsch avoue lui-même aimer penser que ses œuvres viennent des confins de son esprit plutôt que d’influences directes ou indirectes de d’autres œuvres d’art qu’il a pu voir. Néanmoins, il admire et s’inspire de manière générale d’artistes tels Anish Kapoor, Richard Serra ou bien Didier Rozin. Ainsi, leurs grandes œuvres sculpturales en métal influencent Joshua Kirsch du côté de la réalisation, en particulier Didier Rozin, dans les formes et le jeu de lumières de ses œuvres.
Des artistes ont travaillé sur la lumière qui est devenue la matière même de l’œuvre d’art, comme Nathalie Junod Ponsard ou encore Olafur Eliasson avec The Weather Project en 20036. Cette œuvre représente un soleil géant qui saisit d’entrée le visiteur, fasciné par cette lumière, bien que le but premier de cette réalisation soit une réflexion sur le climat. Nathalie Junod Ponsard, quant à elle, a modifié notre perspective habituelle des bâtiments en créant un mouvement et une profondeur grâce à différentes couleurs, avec Relativité Spatiale en 20097, présentée lors des nuits de l’architecture à Orléans. Tatsuo-miyajima, artiste japonais, utilise des LEDs dans ses travaux depuis plusieurs années déjà, comme son œuvre C.F. Plateaux-no.18 , réalisée en 2006. Elle contient plusieurs LEDs disposées sur un mur formant un rond un peu difforme. Contrairement à Concentricity 96, les œuvres des artistes précédents ne font pas intervenir le visiteur qui reste passif devant.
Pour conclure
Joshua Kirsch n’en est pas à ses débuts puisqu’il a déjà créé d’autres œuvres interactives comme Sympathetic Resonance, un appareil musical utilisant des marimbas (instrument à percussion d’Afrique), ou bien Oculus, un objet en métal concentrique qui s’active également à l’aide d’une poignée.
Concentricity 96 : version 2011 est un objet exotique et futuriste avec son métal brut, comme aime à le dire Joshua Kirsch. C’est un concentré de composants technologiques que l’artiste apprécie tout particulièrement et qu’il transmet dans son œuvre. Les LEDs renforcent l’aspect esthétique de l’œuvre.
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Son site : www.joshuakirsch.com