Open Dump

2 septembre 2008

Être ou faire œuvre

Enregistré dans : come back, critical fusion, architecture — moben @ 10:05

Air de Paris

Je retrouve cette image prise durant l’exposition Air de Paris. Beaucoup furent troublés par cette intrusion franche et inespérée de l’extérieur dans l’espace préservé de l’exposition. Où l’on vérifie, et on se plait à croire, qu’il était dans l’intention des auteurs de confronter espace de vie et espace de monstration. L’effet produit interroge tout autant sur la force des propos artistiques comparée à l’évidente puissance définitive du réel qui s’obstine à faire œuvre malgré lui, pour peu que le cadre de la fenêtre nous conduise à chercher le cartel là où l’on ne devrait trouver que la lumière. Cette bouffée d’air de Paris, dans la tiédeur confinée du monde de l’art est réveillée (révélée), par l’entremise d’une silhouette coupant net le champ pour une mise en abîme radicale de notre propre regard. Et c’est le vide de la ville en bas qui nous aspire quand la structure tubulaire de l’architecture semble garder le corps du délit, dedans, et le sujet dehors.

Quand Nouvel fend le Quai Branly pour révéler la Tour Eiffel, il cadre le cliché, quand J. Turrel ouvre le toit sur le ciel (Skyspaces), il laisse le monochrome dynamique se trahir par ses faiblesses sous forme de condensation nuageuse, quand P. Greenaway cadre la ville (Stairs, Genève 1994) il fait de la photographie sans support, quand la ville se dévoile à l’occasion d’une faille scénographique, elle répond. C’est le réel qui prend sa revanche sur l’exposition. Il faudrait travailler un dispositif qui, pour paraphraser Filliou, n’aurait d’autre fonction, par l’occultation plus que par ses ouvertures, que, de rendre la ville plus belle que l’art.

8 juillet 2008

Vider le grenier

Enregistré dans : come back, Dump structure, memory — moben @ 11:18

Attic

C’est l’été, il faut respecter les traditions et en profiter pour vider le grenier. Accepter enfin de mettre les projets délaissés, inachevés, rejetés, non-financés, à la décharge. Accepter d’en faire le deuil. C’était là la fonction initiale du Dump et pourtant j’ai tardé à faire ce nécessaire dégraissage. Un projet archivé encombre inutilement la mémoire, déchargé, il pourrait alimenter l’imaginaire des autres. Il se pourrait même que certains d’entre eux reprennent vie à l’air libre.
Il faudrait s’interroger sur le fait d’éternellement différer le geste. Il en est des concepts de création comme des vieux meubles : un équilibre entre encombrement et attachement les maintient en suspend jusqu’au jour où l’on prend conscience du fait qu’ils plombent notre envol, qu’ils constituent une masse inerte qui nous ramène constamment à un état antérieur de la pensée conditionnant en retour le projet à venir. Il ne faut pas confondre la sédimentation des expériences, profondément fertile, et le ressassement des intentions en mal d’actualisation.

29 juin 2008

Silence ! (2)

Enregistré dans : come back, interactive image, Painting — moben @ 11:34

Silence

Une image, un tableau dans un espace public qui ne devient visible que lorsque personne ne parle proximité. Il s’efface lorsqu’une voix s’élève. Il énonce par son comportement les conditions de son appréciation. La visibilité de l’image est inversement proportionnelle au bruit environnant. Appliqué à la publicité urbaine le principe contredit la stratégie du phatique. L’interpellation n’est plus le moyen d’imposer l’image au regard du passant. Celui-ci, dans le doute, se verra obligé d’interrompre le cours de sa vie pour prendre connaissance d’un message dont il décidera s’il en est ou non le destinataire. La structuration de certains réseaux de communication est fondée sur ce modèle : chacun émet pour tous, seul le vrai destinataire “écoute”.

8 février 2007

Le devenir organique du monde

Enregistré dans : come back, photography, Augmented Reality, theorie, questions, note — moben @ 8:28

Pantin5
J’ai toujours cherché à trouver du positif dans les limites. Adolescent, la myopie m’apparaissait comme un excellent moteur de créativité. Elle est encore –plus que jamais- pour moi un handicap béni comparable en cela aux limites d’une mémoire déficiente. Bien voir le présent dans tous ses détails me semble du même ordre que conserver la mémoire intacte d’un fait passé. J’ai appris à reconstruire le souvenir comme à inventer le présent qui m’échappait optiquement. J’associais à ce processus de reconstruction la question du champ de vision, la myopie facilitant une perception syncrétique du monde et, partant, une perception plus globale des phénomènes observés. Je n’ai jamais pu vérifier cette intuition mais j’ai le sentiment de l’avoir vécue en continu. Un peu comme si la profondeur de champ optique était compensée par une largeur de vue. Comme si le manque de profondeur de champ mnémonique était compensé par la recherche de tendances identifiables qui permettraient de déduire d’une perception lacunaire l’information manquante; N’est-ce pas là l’équivalent des solutions techniques employées dans la correction d’erreurs pour les données numériques ?
Inter- et extra-polation.
Perception et mémorisation compensées par projection et prospection.

Pantin0

Dans le flou de vision, ce n’est pas une réduction d’information qui s’opère mais l’émergence d’informations de substitution, une vision palliative. Le chaotique à l’extrême. Alors que la structure cartésienne du construit semble céder sous la pressions et les tensions conjuguées de la pesanteur et de la digestion sociale, l’organique reprend le dessus. Pour la vision déficiente, isoler le détail, ce n’est pas mieux voir ce qui échappe mais, du fait de dissolution des formes qui résulte de l’agrandissement ; mieux percevoir ce que l’acuité perceptive aurait pu masquer par excès de détail. L’entropie sociale serait un retour de l’organique, de la matière organisée pour nier la règle, l’angle droit, l’homogénéité. La culture redevient vivante en laissant l’homme procéder à son propre effacement.

Le projet :
Traquer les modèles récurrents, en deçà des seuils de la perception, par delà la physique, juste après, d’un juste retour des forces comme si les limites de nos perceptions donnaient à voir le devenir des choses.
Ne prétend-on pas percevoir le lointain passé de l’univers en regardant plus loin le ciel ?
Des indices, des preuves, des fragments juxtaposés qui donneraient à lire l’histoire à venir du sensible.

4 décembre 2006

Art After Museum (AME) 1993

Enregistré dans : interactive installation, come back, installation — moben @ 23:19

Mon premier projet touchant au virtuel était la proposition d’un musée d’après le musée (l’Après Musée explorable, AME). Un lieu d’exposition, un espace d’être pour ce qui n’a pas de raison d’être dans l’espace physique.

Ce projet prend avec le temps – il date de 1993 - une signification accrue comme si l’histoire lui donnait raison. Un espace où chaque donnée refuserait de l’être. Qu’est-ce qu’un travail in situ, si les contraintes de la physique, de l’immobilier, de la matière, les contraintes sociales comme les contingences esthétiques, les expectations sensorielles comme les clichés fantasmatiques étaient dé-jouables?

Découvrant combien il était difficile de rendre intelligibles les propositions qui ne sont pas nécessairement fondées sur la répétition, de l’ordre de celles qui s’efforceraient de réinventer non pas la forme mais le contexte, non pas le langage mais l’air qui permet de propager son expression, AME est de cet ordre qui présuppose qu’il faille créer le contexte pour prendre d’autres formes, pour exprimer encore la même incapacité à formuler définitivement.

Le contexte pour dire la situation.

La situation pour dire la fusion/confusion entre la représentation et l’exercice illicite, non autorisé, de l’existence, qui renforce son autonomie en découvrant l’ampleur de ses limites.

AME est un projet que je dépose maintenant dans le Dump parce qu’il est suffisamment à point (mûr) pour que sa mise en œuvre infiltre les pratiques sans que son nom n’ait à faire le chemin.

Le projet initial en français

The original project in English

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