Loin d'être seulement l'image de la vie, les espaces virtuels en sont avant tout le prolongement symbolique.
Révélation virtuelle : les avatars de la vérité
Depuis quelques années, je creuse dans la matière numérique en quête de révélations. Le triomphe de la matière image, c’est la consécration du vide numérique comme espace infini des possibles. La virtualité est la caractéristique la plus tragique du réel. L’expérimenter c’est accepter d’en finir avec les certitudes. C’est aussi prendre en charge la contingence du monde pour en faire un instrument de jouissance. Le présent virtuel est ce que nous avons besoin de redécouvrir pour comprendre le monde dans lequel nous vivons.
Quelques Grandes Questions en guise de passe temps :
- Dieu est-il plat ? c’est l’histoire sans issue de la fin des idoles.
- Le Diable est-il courbe ? c’est la sélection naturelle de la séduction artificielle,
- le Tunnel sous l’Atlantique traverse la mémoire pour établir le contact.
Loin d’être seulement l’image de la vie, les espaces virtuels en sont avant tout le prolongement symbolique. Ils traduisent le monde en un double lisible. La rumeur du monde ne fait que les effleurer. La musique de l’univers se doit de les atteindre avec la même complexité croissante. Prenant en compte le visiteur, elle consacre sa présence immatérielle en lui conférant le poids du son.
Contrairement à l’image, le son n’a jamais souffert de ne pas être naturel. Il n’y a pas de limite définitive entre le son de la vie et la musique des hommes. Le son virtuel a donc une place nécessaire dans ces mondes émergeants, il en est le miroir et la chair.
Maurice Benayoun
Paris, le 19/06/1996