Dump au mètre

Le programme de flux en télévision est fait pour une consommation mesurée. Valorisée dans la quantité, la qualité supposée du programme est une fonction du temps de vie que le public-moyen est prêt à consacrer à sa découverte. La création de flux, blogs et autres décharges en temps réel, est soumise à ces mêmes critères d’évaluation. Que dire de la version imprimée d’un blog sinon qu’elle apparaît contre-nature : renversant la chronologie, rétablissant l’hyperlien naturel du parcours erratique et compulsif du regard qui se substitue à l’hyperlien technologique, par essence préconstruit et en attente d’une activation anticipée.

La transposition imprimée du blog doit transposer dans l’ordre de l’observation de l’objet ce qu’est la temporalité dans la découverte de la version en ligne.

Je propose d’imprimer sur un rouleau dont la longueur extensible sera celle du texte en ligne. Un usage s’impose: le papier peint. Le blog devient surface qui s’usera avec le temps. La lumière nécessaire à l’affichage sur écran contribuera à sa dégradation inéluctable. La fonction « décorative » du papier peint -qui répète à l’infini des motifs inanimés, oiseaux, fleurs, motifs géométriques inspirés ou non de la nature- est portée par la succession rythmée des lignes, le graphisme austère des colonnes de blog, l’irruption chaotique des images. Dump by the Metre, typique de la production d’un « papier peintre », porte en elle son modèle économique : le papier peint est ici vendu au mètre, unité de consommation acceptable en l’espèce.