C’est l’été, il faut respecter les traditions et en profiter pour vider le grenier. Accepter enfin de mettre les projets délaissés, inachevés, rejetés, non-financés, à la décharge. Accepter d’en faire le deuil. C’était là la fonction initiale du Dump et pourtant j’ai tardé à faire ce nécessaire dégraissage. Un projet archivé encombre inutilement la mémoire, déchargé, il pourrait alimenter l’imaginaire des autres. Il se pourrait même que certains d’entre eux reprennent vie à l’air libre.
Il faudrait s’interroger sur le fait d’éternellement différer le geste. Il en est des concepts de création comme des vieux meubles : un équilibre entre encombrement et attachement les maintient en suspend jusqu’au jour où l’on prend conscience du fait qu’ils plombent notre envol, qu’ils constituent une masse inerte qui nous ramène constamment à un état antérieur de la pensée conditionnant en retour le projet à venir. Il ne faut pas confondre la sédimentation des expériences, profondément fertile, et le ressassement des intentions en mal d’actualisation.
Le blog tient de la série télévisée. Non par la nécessaire qualité de son potentiel attractif (il en est d’excellentes) mais par l’exigence singulière que suppose sa structure fragmentée, elliptique, épisodique.
Quelques propriétés de l’exploration d’un blog qui méritent d’être rappelées:
- Chaque nouvel article doit pouvoir être lu séparément de l’ensemble et conserver tout son intérêt hors contexte. Dans l’ordre du narratif, c’est une propriété qui distingue la série du feuilleton.
- La régularité de la production est déterminante pour conserver un lectorat assidu.
- La longueur doit être compatible avec la lecture sur écran très différente en cela de la lecture de la chose imprimée.
- Il faut aussi prendre en compte cette particularité du blog dont la découverte est nécessairement chronologique et dont on n’embrasse l’ensemble du propos, quand on l’a découvert tardivement, qu’en remontant le flux, de post en post, assumant l’acrobatie temporelle qui en résulte mettant à l’épreuve nos capacités cognitives.
Écrit au jour le jour le blog pourrait être incompatible avec un propos structuré, avec une construction académique, avec une pensée qui suit le chapelet d’un discours maîtrisé. Le blog est plus dans le débordement, dans la dérive, surtout quand celle-ci assume la fonction désinhibitrice du genre, peu enclin à sacrifier à la règle. Est-ce à penser que cette forme interdit le propos cohérent comme on aurait pu le dire des Lettres persanes qui suivaient le fil épistolaire comme d’autres celui de leurs pensées ?
Quel sens donner alors au blog imprimé, dérogeant à son ordre, perdant la dynamique du flux et du commentaire, de l’humeur et du repentir? Le blog imprimé, réification contre nature, peut pourtant s’avérer le meilleur moyen de redécouvrir a posteriori la cohérence derrière le chaos du jour.
players : Delphine Fabbri-Lawson, Jean-Jacques Gay
Dans la logique du Dump il est inévitable que certains projets passent du concept à l’acte, soit qu’un visiteur s’approprie comme le projet l’encourage de le faire sa trouvaille du jour, soit qu’un curateur bien intentionné souhaite voir la chose matérialisée.
Le changement d’état que suppose la réalisation d’un projet voué par son placement à la décomposition, lente et fertile, pose la question de l’interprétation (au sens que l’on donne au terme en musique), de la duplication, de la multiplication (le multiple à l’ère de l’hyperconnectivité), de la signature, de la désignation etc. bref tout ce à quoi le Dump cherche de manière un peu lâche il est vrai, à échapper.
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Blake’s palette (from rochester.edu)
Il y a la même obscénité dans le fait de donner à voir (à lire) les projets rejetés qu’à exposer la palette de l’artiste peintre.
Ce sont bien les couleurs choisies et préparées par le peintre que l’on voit, mais justement celles qui n’ont pas fini sur la toile. Candidate à la consécration, la pate est en reste, fixée sur un support d’oubli qui est simultanément le tremplin des couches supérieures, celles qui sont là au bon moment au point de convergence du désir de l’artiste et de leur consistance chimique et chromatique.
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Le blues du dimanche soir.
I got to find something better to do!
Quoique je fasse, je peux me poser la question de ce que je pourrais faire de mieux.
Il faudrait que je sois clair sur le système de valeurs que j’accepterais pour évaluer le mieux qu’il y aurait dans mes choix.
Pour faire mieux il faut déjà faire bien.
Est-ce que bien faire fait partie de mes intentions?
Est-ce que faire est un impératif?
Est-ce que faire bien c’est faire le bien?
Est-ce que le qualitatif technique implique le qualitatif éthique? Et réciproquement?
Est-ce que le qualitatif esthétique importe? À qui? Pourquoi?
Est-ce que l’esthétiquement bien est techniquement bien ou éthiquement bien?
Les bien sont-il compatibles entre eux?
Sont-ils compatibles avec les biens?
Est-ce que se poser la question est une nécessité ?
Est-ce que se poser des questions est une nécessité?
Pourquoi ne pas prendre le monde comme un ensemble de réponses ?
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Player : Daniel Miller
Selon Daniel : « Core Dump », c’est la dernière chose qu’on fait dans un moment extrême avant de mettre les pattes en l’air.
Good concept art needs good concept critics.
We need a magazine for critic and promotion of concept art. It has to be printed (should concept critic stay digital?).
Everybody is invited to write articles about projects/works from the Dump and the Open Dump.
Contemporary art teaches us that the curator is actually the artist, the collector the historian, and the critics: the conceptors. When we see how a piece art can be nicely dressed by a good critic, whatever the work, we understand that contemporary criticism is reversed conceptualisation. The impact on artist is so big that we should respect the value of this not so new fundamental component of creation.