player : Abaqus BioRID II
Un mannequin de synthèse pour simuler les tests d’impact dans un accident automobile produit par le “Global Human Body Model Consortium”. Le simulacre d’un substitut. Le mannequin physique permet d’effectuer la même opération supposant qu’en situation d’accident, le libre arbitre est neutralisé. Dans une telle situation la présence d’un cerveau dans le corps et la capacité de commander des fonctions musculaires sont réputées indifférentes. Il serait excessif d’en déduire que le cerveau nous est inutile dans une situation qui met en cause la survie en ébranlant nos capacités de décision par surcharge cinétique ou émotionnelle.
Quand verrons-nous un mannequin de synthèse simuler l’émotion esthétique?
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Player : Raymonde Moulin, Le Marché de l’art
La sauvegarde de la rareté est, selon Raymonde Moulin, la condition nécessaire de l’acceptation par le marché de l’art. Il est en effet remarquable de voir comment la conscience de la rareté affecte le regard autant que le marché.
Afin de débarrasser le sujet de toute dimension symbolique choisissons un matériau avant qu’il ne s’informe et non un objet. Prenons le plus banal. Débarrassons-le des propriétés qui le rendent nécessaire à notre survie. Oublions qu’il constitue plus de 80% de notre corps. Bref intéressons nous uniquement à ses propriétés esthétiques.
L’eau constitue le parfait candidat. Imaginons l’eau sans soif, l’eau affectée de la rareté du diamant. On redécouvre alors sa transparence, sa pureté, plus ou moins grande, ses propriétés dynamiques exceptionnelles. Ses propriétés optiques étonnantes, diffraction et réfraction qui créent reflets et distorsions, font de l’eau à l’état aqueux un non-objet à la plasticité paradoxale, qui prend la forme de tout les contenants mais ne la conserve qu’avec la complicité de la pesanteur.
On se rend compte aussi que l’eau ne séduit pas par elle-même mais par comment elle altère ou réfléchit l’image du monde. C’est parce que la transparence n’est pas totale que nous percevons, sans la toucher, la présence de l’eau. C’est grâce à son reflet que les premiers hommes, dit-on, prirent conscience de leur image. Voici une matière qui n’est pas belle en soi mais à travers soi. Une matière médium, ou plutôt une matière média qui prend une toute autre valeur quand on s’intéresse de façon métaphorique son opposé
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Plus que jamais la communication autour de la chose apparait comme la clef de lecture du projet. L’affiche de lancement de la nouvelle scénographie de l’Arc de Triomphe se devait de permettre une lecture rapide de l’enjeu : questionner le symbole, faire pencher une symbolique oscillante de sa polarité militaire vers son potentiel pacifique. C’était tout l’objet de l’installation permanente : traiter du monument comme sujet en interrogeant sa monumentalité, ses références, son origine, ses stases symboliques, mais aussi sa fonction, rare, de monument exclusivement symbolique : un monument national, représentant la nation, mais au travers du filtre de la guerre. Et de là , confronter le monument à la réalité d’une période, la nôtre, qui privilégie les valeurs de paix pour en avoir fait son ecosystème pendant maintenant plus de soixante ans.
Quand j’ai su qu’il était question d’envahir par l’affiche la Concorde, l’occasion était trop belle et j’ai proposé, outrepassant mon rôle en touchant à la communication, deux affiches dont j’imaginais qu’elles se feraient face, séparés par les rails, sur les quais opposés de la station « Concorde », la bien nommée de la ligne 1. Bien entendu l’histoire en a décidé autrement, l’anglais pour « WAR » faisait problème, m’a-t-on dit. Mais il reste le thème qui hantera désormais le monument et sa communication, témoin d’un doute qui n’était pas dans l’intention, mais qui transpire désormais dans les aléas de la mission du monument national: « entre guerre et paix ».
player: Lola Duval
A s’interroger sur la valeur et la pertinence symbolique d’un monument construit en une période historique particulièrement guerrière, on en vient à peser le rapport entre la masse et le symbole, le triomphe à la tonne. Il importe de ne pas occulter les témoignages de l’histoire pour la rendre plus lisible mais aussi pour donner à comprendre les renversements qui font que la planète (touristes du monde, plus que citoyens) piétine d’aise les retours militaires triomphants, devenus fort heureusement un hommage définitif aux victimes anonymes car on l’avait compris, on ne triomphe pas d’une guerre, on y survit.
Le projet est ici de créer un Arc des Fêtes, loin de la porte sans mur et sans battant que l’on franchit la tête haute, celui-ci ne serait en rien un obstacle au regard, le contraire d’un lieu phare, landmark qui identifie fièrement les carrefours urbains, plutôt une absence, un monument en creux, peut-être pour rendre hommage aux absents anonymes et involontaires, qui pour n’avoir pas été de ceux qui partaient défendre la révolution en 1792 sur les pas de la Marseillaise de Rude, n’en sont pas moins morts, par défaut ou par hasard, qui restent la majorité anonyme et définitivement silencieuse des guerres passées présentes et à venir.
Le lieu se veut festif, car tout moment que l’on passe à faire la fête est un moment que l’on ne passe pas en guerre.
Pour le préserver des rigueurs de conservateurs du patrimoine par trop zélés, je suggérais récemment à un responsable du Centre des Monuments Nationaux de faire inscrire au fronton de l’Hôtel de Sully, siège du CMN, la devise suivante :
Le CONSERVATISME est au CONSERVATEUR
ce que l’AUTISME est à l’AUTEUR
Comme il est peu probable qu’il passe à l’acte, et même que la démarche ait un effet quelconque sur ceux qui ne sauraient se sentir concernés, ce petit projet de devise finit au Dump, come il se doit.
Les expériences récentes, passant par l’Abbaye de Fontevraud dont je réalisais en 2000 le parcours multimédia, et l’Arc de Triomphe, dont nous venons avec Christophe Girault, de réaliser l’installation permanente, m’ont permis de découvrir la puissance des forces de conservation où intelligence et savoir faire se concentrent sur la négation du devenir, et la préservation de la pierre de toute présence organique réputée néfaste à la Mission.
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