Open Dump

22 septembre 2008

Recycled Art

Enregistré dans : Non classé, urban art, interactive image, recycling, Business Model, done — moben @ 7:26

Cosmopolis à Villacoublay

Cosmopolis est probablement une des plus grandes installations interactives jamais réalisées (2005). Ce dispositif de 25m de diamètre sur le développement urbain à fait le tour de Chine et a atteint jusqu’à 10 700 visiteurs par jours à Shanghai. Devant l’opportunité de présenter cette pièce de taille au Grand Palais, à Paris, je demandais à l‘entreprise qui la stockait d’évaluer la difficulté de la réinstaller. Il me fallut deux mois pour obtenir une réponse : Cosmopolis était parti à la décharge !

Les douze télescopes de réalité virtuelle conçus et construit pour cette installation ainsi que l’ensemble de la structure incluant ses douze écrans de 4 x 3 m se sont retrouvés naturellement “dumpés”. Bien entendu l’électronique, les écrans plasma et les PC ont été soigneusement récupérés. Je suppose, et les auteurs de cet acte courageux et symbolique ne se sont pas étendus sur le sujet, qu’il s’agissait de matière encombrante qui ne pouvait que freiner le retour des choses à la vie, autrement dit des équipements à une activité plus lucrative. Passablement agacé par l’épisode je dû me rendre à l’évidence, seuls les chinois auront contribué à construire un paysage urbain dynamique, mixant 12 villes de la planète par le simple exercice du regard. Seuls les habitants de ChongQing, Chengdu, Pekin et Shanghai ont pu laisser la trace mémorielle de leurs déambulations scopiques sur la « mémoire rétinienne collective » dont il me reste pour tout viatique quelques instantanés
Je ne pensais pas que la fréquentation régulière de la décharge à concepts entrainerait vers la décharge les projets réalisés, qui plus est de grande envergure.

Cela conduit à une relativisation de la chose artistique, qui porte à penser qu’il en est des œuvres de l’esprit comme des individus, lorsque l’on sépare l’esprit de du corps, quand on les « désactive » pour les pièces interactives, elles redeviennent une masse de matière inerte et donc sans valeur, ni marchande ni spirituelle.
L’équivalent en peinture reviendrait à récupérer la toile de lin en la débarrassant de toute cette matière encombrante et racornie qui lui confère une rigidité déplacée.

Je propose donc que dans l’évaluation de l’art on associe toujours à la valeur marchande de la pièce (VM), sa valeur résiduelle (VR), celle qui résulte du recyclage de ses composants. On considèrera que sur le plan financier, la valeur artistique d’une œuvre est la différence des deux montants VA = VM – VR. Je me souviens alors d’une discussion avec Judith Benhamou-Huet, éminente spécialiste du marché de l’art, qui m’expliquait qu’il arrive même que la VA soit négative. C’est à dire que la valeur marchande de l’œuvre soit inférieure à sa valeur résiduelle, si par exemple le transport à la décharge du matériau résultant avait un coût supérieur à sa valeur de reprise. Si les transports à la décharge sont au cœur de mes préoccupations, il est probable que je tente dorénavant de maintenir la VA dans le positif, et ceci afin de rester en bons termes avec mon banquier et ma conscience.

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