Bulle chromatique
Au carrefour de lʼhorloge, de la station Saint Lazare, les passants affluent de lʼintérieur et lʼextérieur. Les déplacements de chacun convergent au centre pour se diffuser progressivement dans les couloirs du métro parisien. Le mouvement général de ce passage se présente comme un noyau où chacun déambule difficilement et se retrouve confronté au corps de lʼautre passant.
À partir de cette observation, lʼidée est venue dʼun dispositif qui permettrait de prendre conscience de son corps, celui de lʼAutre et de lʼimpact que nos mouvements créent au sein des zones de confluence souterraine.
La question qui sʼest alors imposée est celle de la représentation des mouvements, du contact entre les corps lorsquʼ ils se frôlent, se touchent et se percutent. Ainsi, je suis partie sur lʼévocation dʼun besoin essentiel ; celui de lʼespace vital qui est par nature invisible.
Le principe du dispositif est donc de rendre visible cette espace propre àchacun grâce àun système de capteurs infrarouges et de projecteurs. Situés sur le plafond des couloirs du métro, les capteurs repèrent les mouvements des passants, identifient la circonférence du corps tandis que les projecteurs diffusent simultanément un cercle au sol qui délimite pour chaque espace vital.
Celui-ci se distingue sous différents états.
Initialement, le cercle est diffusé sous la forme dʼune gamme chromatique de couleurs qui se déclenche instantanément lorsque le passant est actif. Les nuances de la gamme se basent sur les codes de la signalétique du métro parisien et varient en fonction de lʼemplacement de la personne. Par exemple, les personnes se dirigeant vers le quai de la ligne 1, vont voir apparaitre une dominante de jaune sur leur cercle.
Au cours des déambulations, les corps des passants rentrent en contact. Cʼest àcet instant que le cercle chromatique se décomposera. Selon le degré de collision, le cercle du passant percuté se fragmentera partiellement voire totalement (visible sur le schéma).
A la suite de lʼimpact, les cercles décomposés resteront projetés au sol quelques instants et disparaitront progressivement àlʼendroit du contact. En parallèle, lʼespace des acteurs de la collision continuent dʼêtre diffusé au sol et reste coordonné àleurs mouvements.
Grâce àcette interaction, les personnes pourront devenir responsables et acteurs de ce quʼils produisent physiquement et visuellement. Ce processus permet de marquer le sol et de créer une dynamique de parcours. En outre, lʼespace projeté sert de repères au marcheur alerte àce qui les entoure. Il est ainsi confronté àlui même et àlʼautre par la projection de ses mouvements.