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11 janvier 2007

OzOne Zero, the magic numbers

Enregistré dans : Non classé — moben @ 23:42

Si la montée du numérique dans l’ensemble des champs de la conscience et de l’action, comme un artefact sublimé de l’humanité bourgeonnante, une excroissance qui redéfinirait la croissance, une purulence qui pullulerait d’euphorie contaminant à loisir ce qu’elle touche, ou ce qui l’approche ; alors nous pouvons parler de pollution endogène. Elle nait de l’excès d’être, de la pulsion rationalisante, atomisante, taxinomique, qui nous pousse à rechercher en toute chose le plus petit dénominateur commun, même s’il est deux, fait de tout et rien, de l’un et du zéro.
Cette pollution médiatique, qu’un Mac Luhanien orthodoxe qualifierait de chaude en Fahrenheit et de froide en Celsius, augmente pour beaucoup le trou d’ozone de la conscience. La capacité de notre atmosphère, de notre écosystème culturel de filtrer le rayonnement cosmique – rien à voir avec la divination ni avec la divinité ni avec le les comiques dont l’ « s » aurait ripé – en fait un rayonnement de l’affect et de la faille qui, réduisant le filtrage qui permet à l’art d’être épargné par l’effet de réel, rend possible la surexposition aux vérités extrahumaines dont on est supposé se préserver :

Qu’est ce qui serait plus parfait qu’un univers sans humain?
Qu’est-ce qui serait plus vrai qu’un monde sans conscience ?
Qu’est-ce qui serait plus inoubliable que l’oubli total et définitif du passage accidentel et anecdotique de l’humanité sur un caillou perdu dans l’espace ?

Ce trou d’OzOne Zero, qui, bornant la limite perceptible d’un horizon qu’il serait urgent de repousser, pour garder l’espoir d’un infini devenir, d’une perfection différée, d’une aspiration nécessaire à combler d’autres vides, réaliser d’autres complétudes, se répéter « demain on vit gratis », repasser le temps pour qu’il soit plus lisse. Ce trou d’OzOne Zero donc, il faut le combler. Il faut en finir avec les doutes, il faut traquer le mal visible, c’est Bill Gates bien sûr, et les multinationales qui – non, elles ne sont pas les victimes de nos fantasmes – trahissent nos espoirs de certitudes en nous permettant d’en créer d’autres plus réconfortantes encore : Nous ne sommes pas responsables, des réality shows même si nous les regardons pour mieux comprendre pourquoi, nous ne sommes pas responsables du terrorisme même si nous nous complaisons du spectacle qu’il nous procure et des inégalités qui le nourrissent, nous ne somme pas responsables des disparités sociales, puisque nous avons donné aux quêteurs, nous ne sommes pas responsables de l’oubli puisque tout est bien rangé dans nos bibliothèques, nous ne sommes pas responsable du voyeurisme et de la surveillance généralisée puisque nous refusons presque de savoir et parfois de voir.
La pollution numérique est inhumaine, la preuve : je ne sais pas comment ça marche. Elle change les atomes en pixels et nuit à l’ocytocine.

Alors il faudrait boucher le trou d’OzOne Zero et créer une zone franche, où comme l’on préserve certaines espèces animales de leurs prédateurs, on préserverait un territoire des excès d’humanité. Là, l’électricité, le wifi, la radio, la télévision, la cafetière électrique, la machine à traire les vaches et la boite de Pétri n’auraient pas droit de cité. Même le regard direct ou médiatisé des humains ne pourrait pas l’atteindre de peur que l’observateur ne dénature plus avant l’objet observé.
Et on attendrait : les débordements, l’observable exogène, les contaminations de pureté préservée (en conserve), jusqu’à l’oubli du lieu, le refus d’en constituer jusqu’à la mémoire humaine qui pourrait être une forme de contamination rétrospective.
Ce territoire nOOne Zero pourrait s’agrandir progressivement selon un processus automatique qui ignorerait des décisions humaines qui pourraient contredire la rigueur et la perfection du dispositif. Enfin, quelque part, il faudra tenter de préserver un échantillon ou deux, de cette espèce vouée à la disparition, comme tous les grands prédateurs, surtout ceux à la griffe binaire insidieusement rétractile, qui se sont laissé pousser la pensée au point qu’elle masque la vue. Ou alors c’est l’inverse. La meilleure manière de répondre est souvent d’effacer la question.

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