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23 janvier 2007

Art Buzz, l’Art a posteriori

Enregistré dans : Non classé — moben @ 15:44

Deux phénomènes expliquent que beaucoup de projets artistiques ont plus d’impact par ce qu’on en dit que parce ce qu’ils représentent en acte :
- La difficulté de « mettre en œuvre » des dispositifs complexes qui font appel à des technologies non maîtrisées
- et la difficulté de faire appel à la contribution du public, encore moins contrôlé.

Ceux qui parcourent le monde en quête de révélations esthétiques savent que la réalité est amère et apprécient que les médias sachent en donner une image suffisamment flatteuse pour que le genre ne souffre pas trop de ses avortons conceptuels et autres erreurs de jeunesse.

Tirant parti de ces limites comme des bandes d’un billard sphérique de grandes dimensions, je propose un profil de carrière d’artiste entièrement fondé sur l’Art a posteriori. A quoi bon produire de l’échec si la réussite médiatique est possible à l’énoncé du projet, à quoi bon produire, tout simplement, si le vrai travail de l’artiste est d’obtenir qu’on en parle quoiqu’on ait vu.
Les médias actuels permettent cette acrobatie qui consiste à alerter, mais un peu tard, d’événements courant la planète que personne ne verra jamais.
Là commence le travail véritable de spam ciblé, de relais complaisants –un critique bienveillant qui dira combien c’est beau en totale méconnaissance de cause- de définition du projets possibles, de la cohérence du parcours, des références invérifiables, des localisations improbables mais si crédibles que beaucoup jurerons en avoir été, de manifestations si larges qu’on pourrait en avoir manqué des fragments qui sont maintenant ceux dont « on » parle. L’art serait-il une affaire de buzz ? Après le vaporware qui a gonflé les startups de l’Internet, le VaporArt pourrait gonfler les catalogues de galeries et les bios d’artistes jusqu’au point où une histoire parallèle de l’art s’écrirait sur la base de témoignages apocryphes. N’est-ce pas aussi faire œuvre que de dépeindre l’artiste qu’on aurait pu être, alors que le virtuel autorise un genre de fiction intermédiaire dont l’artiste serait le médium, entre la vie et le roman ? Finalement plus réel que la fiction, puisqu’il s’ancre dans la chair même de l’auteur.

En faisant de l’œuvre la fiction d’un artiste physiquement réel, le projet se distingue néanmoins de l’approche brillante de Paul Devautour et Yoon Ja dont la collection, faite d’œuvres authentiques, intègre la fiction de l’artiste comme composante structurelle.

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