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30 novembre 2006

Stolen Life

Enregistré dans : interactive installation, light, installation — moben @ 9:40

Deux concepts marquent la création du XXième siècle dont la portée métaphysique n’aura échappé à personne malgré leur éloignement apparent :
L’idée que le regardeur fait le tableau et l’idée que la vie d’une représentation puisse dépendre de son propriétaire (le Tamagotchi)

Les deux trahissent le fait que les représentations peuvent, par nature ou par construction, partager avec le monde qu’elles représentent une propriété fondamentale qui constitue la base d’un grand paradoxe métaphysique: notre incapacité totale à changer durablement l’ordre des choses et le sentiment d’infinie responsabilité qui nous habite. Les deux convergent vers l’idée que le monde existerait pour nous et par nous comme pour conjurer le fait qu’il n’en est probablement rien.

Je propose un dispositif qui nous donne la possibilité d’agir par défaut:
Deux salles contigües séparées par une ouverture rectangulaire, fenêtre et tableau. L’une est l’espace du public, plongé dans le noir. L’autre, inaccessible au public, est éclairée - comme dans les tunnels d’autoroute et une installation d’Olafur Eliasson - par de la lumière au sodium dont le spectre très étroit ne nous permet pas de distinguer les couleurs. Dans cette pièce un petit arbre planté. Il ne saurait se satisfaire d’une lumière si indigente en rayonnement.

Stolen LIfe

Le dispositif de survie

Le dispositif d’observation

L’image

Le dispositif de survie
Lorsqu’un spectateur se présente, s’approchant de l’ouverture, une lumière s’allume au spectre recréant les propriétés de la lumière solaire. Quand la sécheresse de la terre fait sentir un besoin d’arrosage, l’approche du visiteur déclenche aussi une pluie fine qui, comme la lumière blanche, s’interrompe dès son départ. Les conditions de survie de l’arbre dépendent donc totalement du fait qu’on reste à le regarder.

Le dispositif d’observation
Au dessus de l’ouverture un appareil photo prend une image de l’arbre à chaque fois qu’un mouvement est détecté : une feuille tombe.
Une autre camera, type camera de surveillance monochrome, dans un angle ayant vue sur la fenêtre, cadre à la fois la fenêtre et l’arbre. Elle prend une image à chaque fois qu’un visiteur vient regarder.

L’image
Les deux séquences animées qui se construisent simultanément au fur et à mesure que le temps passe sont diffusées sur deux écrans à l’extérieur du dispositif. Et l’on voit d’un coté l’accéléré d’un arbre en train de mourir et de l’autre une succession frénétique de visiteurs pour le regarder.
L’emplacement, avant ou après les deux salles de ces écrans pourrait conditionner l’interprétation du visiteur et par conséquent son action.

Comme dans ces expériences où l’on est sommé de faire souffrir l’autre, peut-on réagir à l’injonction d’aider à vivre sans penser que la responsabilité de l’auteur est supérieure à la responsabilité de celui qu’il instrumente.

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