Confronté à la difficulté de nommer une évolution significative des pratiques dans lesquelles mon travail s’inscrit, j’ai compris qu’il faudrait que j’explicite le concept métaphorique auquel je suis parvenu : La Fusion Critique.
Pour que ce concept soit compris, il n’y a d’autre solution que d’en rédiger le manifeste ou plutôt d’en manifester la rédaction. Or s’il est un terrain où la réalisation m’est difficile, c’est celui qui fait passer l’écrit avant l’acte, quelque laconique que soit le premier et quelque fugace que puisse être le second. Il faut donc que je me résigne à soumettre au Dump ce projet d’ouvrage théorique qui ne m’en paraît pas moins essentiel.
(Lire la suite…)
Le blog tient de la série télévisée. Non par la nécessaire qualité de son potentiel attractif (il en est d’excellentes) mais par l’exigence singulière que suppose sa structure fragmentée, elliptique, épisodique.
Quelques propriétés de l’exploration d’un blog qui méritent d’être rappelées:
- Chaque nouvel article doit pouvoir être lu séparément de l’ensemble et conserver tout son intérêt hors contexte. Dans l’ordre du narratif, c’est une propriété qui distingue la série du feuilleton.
- La régularité de la production est déterminante pour conserver un lectorat assidu.
- La longueur doit être compatible avec la lecture sur écran très différente en cela de la lecture de la chose imprimée.
- Il faut aussi prendre en compte cette particularité du blog dont la découverte est nécessairement chronologique et dont on n’embrasse l’ensemble du propos, quand on l’a découvert tardivement, qu’en remontant le flux, de post en post, assumant l’acrobatie temporelle qui en résulte mettant à l’épreuve nos capacités cognitives.
Écrit au jour le jour le blog pourrait être incompatible avec un propos structuré, avec une construction académique, avec une pensée qui suit le chapelet d’un discours maîtrisé. Le blog est plus dans le débordement, dans la dérive, surtout quand celle-ci assume la fonction désinhibitrice du genre, peu enclin à sacrifier à la règle. Est-ce à penser que cette forme interdit le propos cohérent comme on aurait pu le dire des Lettres persanes qui suivaient le fil épistolaire comme d’autres celui de leurs pensées ?
Quel sens donner alors au blog imprimé, dérogeant à son ordre, perdant la dynamique du flux et du commentaire, de l’humeur et du repentir? Le blog imprimé, réification contre nature, peut pourtant s’avérer le meilleur moyen de redécouvrir a posteriori la cohérence derrière le chaos du jour.
Le cas est fréquent: l’Auteur doit fournir une bibliographie. On sait combien l’exercice est fastidieux non pour le fait d’avoir à rendre hommage aux ouvrages qu’avec plaisir ou intérêt on aura consulté et que l’on recommande vivement à tous ceux qui s’engageraient sur les même voies, mais pour avoir à en établir la liste académique avec son appareil de références. Certains, on le sait, vont jusqu’à copier les bibliographies disponibles en ligne plutôt que d’avoir à sacrifier un temps précieux à l’exercice. D’où l’idée simple mais productive de créer un générateur de bibliographies : on entre le sujet, les thèmes, les mots-clefs… et on obtient la précieuse liste. Fondé sur la fouille de données, le moteur analyse la récurrence des références liées à un sujet prenant en compte titre/résumé/édition. Les références seront hiérarchisées en fonction de leur fréquence de citation dans des revues et publications répertoriées par les instances d’évaluation de la recherche.
Une version plus élaborée ne se substitue pas à l’Auteur mais apprend à le servir en observant sa pratique et ses rituels.
Le générateur fournit une liste structurée, limitée au nombre de références requis par le commanditaire en ne conservant que les titres et les auteurs les mieux “classés” parmi ceux mentionnés dans le texte que la bibliographie accompagne. Apparaîtrait en gras ceux que le commanditaire aura effectivement consulté. Afin de personnaliser la sélection, un système rudimentaire d’apprentissage retiendra les auteurs valorisés par l’Auteur par citation, pointage, confirmation, suppression définitive de la liste. Une liste noire pourrait contenir les noms à ne jamais mentionner. Une liste blanche ceux qu’il ne faut pas oublier : références incontestables ou simplement incontournables, auteurs à la notoriété grandissante, écrits des membres du jury pour un mémoire ou une thèse.
La revue du MIT, Technology Review me demande pour son édition française, la rédaction d’un article sur LE FUTUR DE L’ART. L’occasion est trop belle pour ne pas passer à l’acte et rédiger une première version résumée du projet « dumpé » Art After Technology.
Publié en version réduite dans le numéro 7 de juin 2008 de la revue qui ne sera pas distribué pour des raisons économiques, voici un passage à l’acte qui retombe dans le compost du Dump.
La version intégrale se retrouve sur mon site en attente d’un développement ultérieur voire d’une publication :
L’art après la technologie
Évoquant la variante d’Hyper Potlatch, Florence Benayoun me dit : “c’est horrible !”
Cette réaction met en évidence une des propriétés du concept art : Il est une différence significative, au niveau du concept, entre écrire un projet et le réaliser ; ou plutôt entre concevoir un projet qui se réalise dans sa description et le concevoir en vue de sa réalisation physique. Au-delà de la difficulté de mise en œuvre, les moteurs symboliques dans les deux cas sont d’un ordre différent.
Le “concept project” n’implique pas nécessairement, en l’absence de réalisation, l’expérience physique de l’œuvre. Il y a une différence entre proposer d’inviter les enfants du tiers monde à patiner sur la compression d’un hypermarché et de le faire vraiment. L’intérêt critique de la proposition s’efface devant sa réalisation.
Le passage à l’acte, mise en œuvre littérale du concept, peut être la meilleure manière d’annuler le potentiel critique comme le cynisme est détruit par son application politique.
Le projet :
Faire un catalogue d’œuvres qui dans l’histoire de l’art auraient gagné en intensité à rester au stade du concept, voire qui ont été dénaturées par la mise en œuvre.
PS: Ceci n’enlève rien à l’intérêt de la compression d’hypermarché…
No Tags
Même si elles témoignent d’un processus relativement continu bien qu’apparemment chaotique, les mutations telluriques de l’art au 20ème siècle sont marquées par des moments d’irruption dont chacun correspond à la remise en cause plus ou moins radicale d’un ou plusieurs acquis esthétiques. C’est ainsi que se déplacent les frontières d’un espace de liberté que l’artiste semble vouloir élargir, probablement plus par soucis d’y trouver un terrain constructible que par revendication corporative.
(Lire la suite…)
D’où vient le sentiment d’agression qui envahi la personne à proximité d’un inconnu, au téléphone, dans un lieu publique ? Ce n’est pas, bien entendu, le niveau sonore, probablement le même que celui de deux personnes qui parlent ensemble dans le même périmètre. La situation nous paraitrait naturelle en ce cas. C’est probablement l’absence physique de l’interlocuteur en ce lieu. Comme si tout d’un coup la règle, la convention était brisée. Dans la liste des statuts acceptables, dans un lieu publique, il y a celui de la personne seule, avec ses angoisses, ses regards fuyants ou appuyés, son désir visible de briser la solitude ou au contraire de maintenir la distance. Il a le couple ou le groupe devisant de manière plus ou moins discrète.
(Lire la suite…)
J’ai toujours cherché à trouver du positif dans les limites. Adolescent, la myopie m’apparaissait comme un excellent moteur de créativité. Elle est encore –plus que jamais- pour moi un handicap béni comparable en cela aux limites d’une mémoire déficiente. Bien voir le présent dans tous ses détails me semble du même ordre que conserver la mémoire intacte d’un fait passé. J’ai appris à reconstruire le souvenir comme à inventer le présent qui m’échappait optiquement. J’associais à ce processus de reconstruction la question du champ de vision, la myopie facilitant une perception syncrétique du monde et, partant, une perception plus globale des phénomènes observés. Je n’ai jamais pu vérifier cette intuition mais j’ai le sentiment de l’avoir vécue en continu. Un peu comme si la profondeur de champ optique était compensée par une largeur de vue. Comme si le manque de profondeur de champ mnémonique était compensé par la recherche de tendances identifiables qui permettraient de déduire d’une perception lacunaire l’information manquante; N’est-ce pas là l’équivalent des solutions techniques employées dans la correction d’erreurs pour les données numériques ?
Inter- et extra-polation.
Perception et mémorisation compensées par projection et prospection.
Dans le flou de vision, ce n’est pas une réduction d’information qui s’opère mais l’émergence d’informations de substitution, une vision palliative. Le chaotique à l’extrême. Alors que la structure cartésienne du construit semble céder sous la pressions et les tensions conjuguées de la pesanteur et de la digestion sociale, l’organique reprend le dessus. Pour la vision déficiente, isoler le détail, ce n’est pas mieux voir ce qui échappe mais, du fait de dissolution des formes qui résulte de l’agrandissement ; mieux percevoir ce que l’acuité perceptive aurait pu masquer par excès de détail. L’entropie sociale serait un retour de l’organique, de la matière organisée pour nier la règle, l’angle droit, l’homogénéité. La culture redevient vivante en laissant l’homme procéder à son propre effacement.
Le projet :
Traquer les modèles récurrents, en deçà des seuils de la perception, par delà la physique, juste après, d’un juste retour des forces comme si les limites de nos perceptions donnaient à voir le devenir des choses.
Ne prétend-on pas percevoir le lointain passé de l’univers en regardant plus loin le ciel ?
Des indices, des preuves, des fragments juxtaposés qui donneraient à lire l’histoire à venir du sensible.
Durant ses cours à la Sorbonne, Bernard Teyssèdre aimait à dire que les plasticiens devraient fuir l’évidence, car elle crève les yeux.
C’est là un des précieux paradoxes qu’il faudrait questionner (torturer jusqu’à ce qu’il parle, quoi qu’il ait à dire, ou qu’il se taise pour toujours).
A supposer que l’artiste ait pour mission d’ouvrir les yeux, les siens tout d’abord pour mieux voir le monde, ceux des autres ensuite pour qu’ils voient ce qu’il a vu.
Traquer l’évidence est bien alors dévoiler ce qu’elle masque, ce que cache à nos yeux ce que l’on croit savoir.
(Lire la suite…)
Artist’s career project
The last 3 days : nothing.
Contemporary artists create their own constraints.
To produce contemporary art could be considered as an unconscious way is to justify emptiness.
If it is a way to survive by justifying useless productivity,
If it is a way to justify infinite unproductivity,
Then I have to justify not filling the contract of The Dump which is merely a new project everyday.
This one should be the ultimate dead-end:
An artist career design project:
NadArtist
A very pascalian way to become artist :
One devotes one’s artist career to producing everyday justification of having produced nothing.