Le Ministère de l’Art
Peindre une série de natures mortes.
La musique se colle aux murs comme la poussière d’un été andalou.
Une des formes absolues de l’art possible est la rumeur. La valeur d’une Å“uvre est maintenant plus déterminée par ce que l’on en dit, par l’image mentale construite sur ce qu’en véhiculent les autres. Combien d’opinions et de jugements sont fondés sur une connaissance de seconde main de l’objet?
Une grande réussite artistique serait de créer la rumeur, forme définitive de l’Å“uvre, dont la propagation sera grandement facilitée par les réseaux.
L’Å“uvre dont on parle, sans autre existence que ça diffusion médiatique, sera reprise par les blogs, commentée dans les listes, jugée par contumace; Interprétée, glosée, sur la base des commentaires et jamais de sa représentation encore moins de sa présentation. Que saurions nous des Raisins de Zeuxis et de l’Å“uvre de Parrhasios sans Lucrèce qui les a bien entendu relayés voire inventés? On en parle encore…
Pour une oeuvre improbable, “Cast in Sigh”, quelques phrases à glisser sur les blogs et les listes, ou dans des versions modifiées de textes émanant de critiques célèbres cités fort à propos, une partie du texte original étant conservée:
“Il en va tout autrement de “Cast In Sigh” qui dépasse l’entendement.”
“En revanche, “Cast in Sigh” donne une interprétation toute différente du sujet qu’il serait difficile de restituer sans une confrontation directe à l’Å“uvre.”
“Une seule pièce surnage : “Cast in Sigh” ”
“Une occasion unique de découvrir “Cast in Sigh””
“Le musée n’ayant pu payer le montant exorbitant de l’assurance “Cast in Sigh” ne figurera pas dans l’exposition”
“Pour “Cast in Sigh” il faudrait plutôt parler de Ready Trade tant l’évolution de la cote de cette pièce exemplaire dépasse l’entendement”
“Peu d’Å“uvres exc…
written: 28 février 2007
Je mentionne le plus souvent les sources ou le contexte qui contribuent à l’émergence des concepts. Il est bien évident que beaucoup d’autres références pourraient être évoquées, que j’en ai eu connaissance ou non. Cela me parait nécessaire, quand la chose me vient à l’esprit, dans la mesure où rien dans ce processus ne me semble relever d’une création ex nihilo.
Néanmoins voici un projet de carrière d’artiste qui est vraiment le projet d’une vie:
Chercher, en les éliminant au fur et à mesure qu’elles apparaissent, un projet sans source, sans précédent, sans origine. Un projet dont l’auteur serait l’origine unique absolue et définitive.
written:27 février 2007
Le plan, espace à deux dimensions, a longtemps été considéré comme la forme absolue de l’espace de projection. Toutes les autres dimensions sont supposées se révéler dans la compression qui écrase l’univers dans sa représentation bidimensionnelle. Cette projection dans le plan est censée exprimer sinon la substance des choses, disparue dans l’opération, au moins leur essence. L’autre côté du plan, miroir ou fenêtre, constitue l’image virtuelle -au sens de l’optique- issue de la représentation.
Le projet est come back d’un de mes projets post-adolescent maintenant digne du Dump:
Dématérialiser le plan de projection serait ne garder que le passage ou ne considérer que la surface dioptrique qui sépare deux espaces apparemment complémentaires et cohérents, mais que la division opérée par le plan désigne comme étrangers. Une ligne sur les cloisons bornant l’espace de présentation marque l’intersection du plan ainsi défini et de l’architecture qu’il sectionne. En désignant le plan immatériel plus que la représentation qu’il refuse obstinément de supporter, cette ligne renvoie l’être à l’être et non à son image. Celui qui passe outre le plan qu’elle définit est comme scanné par l’écran invisible que traverse son corps.
Le condamné à mort de Visible Human Project, découpé congelé en fines tranches dignes du meilleur charcutier, est probablement le premier (corps) à avoir vécu physiquement ce passage qui a converti, chose rare, les tranches de sa chair en image, sa matérialité en objet numérique total. Une représentation qui n’épargne pas l’objet représenté. C’est probablement le premier cas d’une conversion substantielle, littérale sans passer par la lettre; une transsubstantiation du corps en image, irréversible. Si l’on exclue de la réversibilité la conversion de l’image en pâtée pour chien alimentant en cela le cycle de la nature. Encore un accéléré technologique qui ne fait pas le détail.
written:26 février 2007
Devant l’engouement, dans la mode actuelle, pour l’esthétique du camouflage qui semble réduire la guerre au stade de la banalité urbaine, je suis surpris que les opportunistes en tout genre, produisant, dérision ambiguë, des vêtement d’été en tissu de camouflage rose, n’aient pas encore produit un tissu camouflage vert ponctué de bourgeons et de motifs de fleurs.
Se cacher dans le printemps pour traquer le lépidoptère, me paraît de bonne guerre.
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