Player: FIAC 2006
Les media construisent une image du monde qu’ils voudraient frappée du sceau de l’authenticité plus que du merveilleux. Les reality shows font converger l’ensemble des regards vers un groupe singulier, pris pour son apparente normalité, et que le regard collectif et l’alchimie médiatique transmutent en exceptionnel. Le projet de la peinture jusqu’au milieu du XIXème siècle était le plus souvent de transposer l’exceptionnel en lui conférant une substance tangible.
Renversons la proposition. Back Frame est un dispositif de taille réduite qui vient s’intégrer au cartel qui accompagne quelques tableaux, majeurs ou mineurs, d’un grand musée. Il contient une camera et un dispositif de transmission wifi.
Chacun peut alors avoir chez lui un écran de la taille du tableau original. C’est son intérieur qui devient objet des regards, c’est son monde qui devient l’œuvre qu’un public attentif défile pour admirer. Certains se penchent même pour voir le détail et apprécier la facture : ceux qui s’approchent pour lire le cartel.
Chaque pièce à un titre :
Les Arnolfini Back Frame
La Joconde Back Frame
L’enlèvement des Sabines Back Frame
La Femme qui pleur Back Frame
Si l’auteur du tableau est auteur du regard qu’on porte sur lui, alors il faudrait signer chaque pièce par son nom.
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L’art peut il se réduire à la transfiguration du sensible?
Le trauma est-il soluble dans la chroma?
Il faut préparer halloween.
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Projet de carrière d’artiste
Player : Florent di Bartolo
Florent me fait part du fait que sur les sites qui recueillent des milliers (des millions) de vidéos, celles qui sont le plus souvent consultées sont celles dont l’image initiale représente une paire de fesses. L’exemple proposé est un extrait de Tango de Zbigniew Rybczynski qui commence par la scène où la fille se déshabille, extrait qui semble avoir un succès fou.
Si les modes de reconnaissance et de validation de l’image (sinon de l’art) induits par le réseau sont de cet ordre, le vote, il faut reconcevoir les motifs de la création.
L’idée est loin d’être neuve : Ingres, Boucher ou Delacroix l’avaient comprise, mais il conviendrait, au delà d’un truc de communication supposé ouvrir les âmes au sens profond de la création, d’imaginer des stratégies d’une vie, clef en main, pour artistes en quête de raccourcis historiques.
Le projet en question est un « projet de carrière d’artiste ». Penser une œuvre est une chose, penser l’ensemble d’une arrière en est une autre : Certains choisissent une signature graphique (les bandes Buren), un trait formel (les gonflables métallisés de Koons) d’autres compressent les objets ou renversent le portrait, sans que la redondance et ou la réitération ne nuise à la qualité du travail.
Le projet ici est de réaliser une carrière d’artiste dont TOUTES les œuvres commenceraient par une paire de fesse.
La fin justifie l’art moyen!
Reste à savoir si d’autres n’y ont pas déjà pensé…
Is the Devil Curved? Installation interactive MB 1995
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Player : la Fiac et la Fiac Off (ça sonne comme une injure US)
Écrire un Traité d’art moyen. Pas sur la photographie en hommage à Bourdieu, mais sur toute cette production d’art de salon qui fait la Foire. Même les meilleurs semblent choisir le plus vulgaire de leur travail, de l’art vite compris, assorti aux fauteuils du salon.
L’art moyen à ses écoles et ses manuels. C’est du travail mais même l’académisme nécessite un peu de talent.
Au début des années 80, agacés par le retour à la figuration qu’on qualifiait de « libre » comme on parle de l’école libre, nous avions imaginé de créer un groupe « suiviste » qui tâcherait, laborieusement, de faire et refaire ce que d’autres avaient fait, souvent mieux, auparavant. Mais la motivation manquait, déjà , pour aller jusqu’au bout du projet. D’autres sont plus persévérants.
L’avantage de l’art moyen, c’est qu’il se vent bien. En fait, peut être pas si bien que ça.
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